BITTER.TASTE
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Il est désormais interdit de faire un vampire ancestral non issu des postes vacants,
car ça n'est pas réaliste, il y a bien plus de vampires de sang-froid que de vampires ancestraux !
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i'll miss the playgrounds - ft. sarah

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Armand M. Gauthier
Armand M. Gauthier
He's a fallen angel, drinking blood to drown the madness inside.


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MessageSujet: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyDim 1 Aoû - 19:47



i'll miss the playgrounds - ft. sarah Sarah_10 & i'll miss the playgrounds - ft. sarah Ibb5p4


Il faisait presque nuit. Encore quelques minutes et le soleil aurait cédé à la lune, lui donnant le contrôle des cieux pendant quelques précieuses heures. Depuis sa cuisine, Armand terminait la vaisselle – sa cuisine était sans doute le seul endroit continuellement rangé, et ce impeccablement. En attendant, un nouveau gâteau immangeable – mais non pas à cause de son goût – reposait sur la table, glacé et décoré avec délice. Il le donnerait à Alceste demain – ou bien à Katriel, il ne savait pas encore. Cela dépendrait de qui il croisait en premier. S’essuyant les mains, le vampire en short noir, souliers vernis et fausses lunettes aux énormes montures s’avança jusqu’à une fenêtre de son salon. Dehors, les dernières taches cramoisies quittaient le ciel, épongées par la noirceur étoilée qui s’avançait vers l’horizon. Lorsque finalement il fut sûr que les chevaux d’Hélios étaient bien rentrés dans leur écurie, il ouvrit les rideaux de tout l’étage, ouvrant les fenêtres pour laisser l’air frais s’engouffrer dans son duplex. Il resta un instant comme cela, torse nu sur son balcon, les cheveux ébouriffés par les caresses du vent, tête renversée en arrière par l’extase. Puis il rouvrit les yeux, et jeta un coup sur son salon. Pour changer, c’était un capharnaüm absolu : livres anciens jetés pêle-mêle sur une table basse qui soutenait aussi un vase de fleurs à demies fanées dont les pétales flottaient dans des tasses à café jamais bues ou bien venaient s’achever sur le parquet à peine poussiéreux qui s’étirait jusqu’à la cuisine. Sur le canapé traînait une poupée du XIXe siècle, petite brebis aux boucles flamboyantes momentanément égarée de son troupeau qui l’attendait paisiblement dans la chambre de Sarah. La ramassant avec douceur – comme si elle eût été faite de chair et non de porcelaine – il l’assit dans le creux de son bras droit, ramassant son T-shirt dans l’autre. Il descendit rapidement les escaliers, et se posta devant la chambre de la petite vampire ayant élu domicile chez lui.

« Sarah ! » cria-t-il au travers la porte, signifiant par cela qu’il faisait nuit et qu’ils pouvaient désormais sortir. « On y va, avec ou sans poupée ! » Mais de préférence avec. Il faudrait vous avouer quelque chose : Armand adorait les poupées. Elles étaient si belles, si parfaites avec leurs corps de porcelaine froide, rigides et indifférentes aux baisers dont les petites filles les couvrait avec amour. De petites vampires en chiffons. Elles laissaient leurs ‘maîtresses’ coiffer leurs boucles éternellement brillantes et soyeuses, les habiller de milles parures d’un autre temps qu’elles seules pouvaient désormais porter en toute impunité, ou encore bercer leurs petits corps raides et inconfortables. Tout en sachant qu’en vérité, elles étaient les maîtresses. Elles n’avaient pas besoin de l’amour de ces filles, c’était elles qui avaient besoin de les aimer ; elles n’avaient pas besoin que l’on prenne soin d’elles : la poussière, le temps, les craquelures sur leurs visages rosés ne faisaient qu’accentuer leur beauté inquiétante. Armand n’aimait que les poupées en porcelaine. Les poupées de chiffons elles, étaient molles, trop molles ; la marque des bras qui les avaient serrées les déformait, leurs entrailles finissaient par se déverser en petits nuages cotonneux sur le sol, leurs yeux tombaient d’avoir été trop tirés. Les poupées en plastique, les animées surtout, étaient encore pire. Elles Ce n’étaient pas de vraies poupées mais de vulgaires jouets qui tentaient tant bien que mal de ressembler à des bébés. Ces choses là étaient dépendantes de leurs maîtresses, elles, les pauvres petites humaines vivant en toute ignorance du monde les entourant. Non, il n’y aurait jamais que Sarah qui saurait se faire aimer des poupées en porcelaine. Peut-être parce qu’elle en était une elle-même.

La porte de son ancien bureau s’ouvrit, laissant apparaître ladite vampire. Son compatriote plus âgé lui tendit la poupée sans un mot, afin de libérer ses mains afin d’enfin pouvoir enfiler son T-shirt vert anis moulant et de passer les bretelles au dessus de ses épaules. Ceci fait, il vérifia que sa colocataire miniature portait bien des chaussures ; une fois rassuré à ce sujet, il lui fit signe de le suivre jusqu’à l’ascenseur. Dix heures du soir. L’heure du sommeil pour les habitants diurnes de la Nouvelle-Orléans, l’heure du réveil pour ses habitants nocturnes. Bientôt les rues se gonfleraient de ces chouettes humanoïdes, certaines à la recherche d’un inconnu à aimer, d’autres de musique pour les enivrer. Qu’importe, puisqu’ils se rencontraient tous dans le même lieu, partageant l’obscurité avec les néons traîtres qui projetaient plus d’ombres que de lumières. Dans l’ascenseur au moins, il n’y avait que lui et Sarah – c’était cela, l’avantage de passer ces heures de noirceur avec une éternelle enfant. Elle n’avait aucun intérêt pour les bars suants l’humanité mécanique et les alcools chantants, leur préférant les parcs calmes et vides, parcourus d’une légère brise. C’était donc là qu’ils se rendaient tous deux, Sarah et la poupée accrochées aux sveltes épaules de l’ancestral, qui préférait la porter pour s’assurer qu’elle ne file pas tuer quelques ‘méchants’ sans l’en informer. Il n’avait pas particulièrement envie de jouer à cache-cache avec elle, surtout pas si la partie se finissait en « cachez le corps aux flics ».

Sur cette pensée, ils arrivèrent au Parc Lafayette. Poussant la barrière grinçante de ce lieu, Armand jeta Sarah sans cérémonie par-dessus ses épaules, parfaitement conscient qu’elle atterrirait au sol après un superbe salto, tenant sa poupée par la main. Être vampire vous supprime quelques soucis au sujet des enfants – qu’ils soient vôtres ou non. Bon il y a toujours le problème du soleil, mais lorsqu’on a l’habitude, ce n’est pas vraiment un handicap. Il suffit de connaître les coins qui sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme le parc, dont l’obscurité aux yeux humains étaient la parfaite clarté pour les buveurs de sang. Certes le lieu était mal fréquenté la nuit, mais ce n’était qu’un avantage de plus pour nourrir la Hyweach qui refusait de boire le sang d’un être qu’elle jugeait innocent. Parfois Armand aurait apprécié qu’elle arrête de jouer la justicière et qu’elle soit moins difficile quant à ses repas, mais il se reprenait bien vite – qui était-il pour lui dicter ses habitudes ? Un vampire se promenant au soleil, portant un chapelet et claironnant son vampirisme sur des T-shirts humoristiques ? Il n’était pas moins étrange qu’elle, alors autant se taire et profiter des nombreuses attractions qu’offrait le parc. Rapidement il rejoint la brunette, posant sa main sur sa tête affectueusement, et surveillant du regard le terrain de jeux.

« Bon alors – balançoire, toboggan ou tourniquet ? » demanda-t-il avec le plus grand sérieux. Les jeux d’enfants ne sont pas une mince affaire, après tout. Pour une vampire-enfant comme Sarah, en tout cas, il ne s’agissait pas de prendre ce genre d’activité à la légère. S’il l’emmenait faire un tour au parc deux ou trois nuits par semaine au lieu de la laisser à ses propres moyens elle était beaucoup plus facile à vivre et agréable avec lui. Alors entre s’amuser jusqu’au lever du jour dans un parc avec sa peste préférée et supporter ses crises à la maison parce qu’elle s’ennuyait, le choix était vite fait.
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Sarah P. Hyweach
Sarah P. Hyweach
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyDim 1 Aoû - 23:33



Sarah tourna sa tête vers le réveil chromé de sa table de nuit une énième fois. Fichu été. Elle ne comprendrait en définitive jamais les humains, qui étaient capables d’attendre impatiemment pendant des mois que pointent à nouveaux les rayons du Soleil, que l’air, traversé de ceux-ci, se réchauffe, et qu’enfin les jours s’allongent. Alors ils sortaient par troupeaux dans les rues de la Nouvelle Orléans, enveloppés dans des airs de jazz qui s’échappaient de bars kitchs, moulés dans leurs vêtements les plus courts, et ils célébraient ensemble l’empire que le soleil, tyrannique, avait instauré sur eux. Non, vraiment, elle ne les comprendrait jamais. Elle préférait de bien loin les longues nuits hivernales, sans un seul nuage orageux pour venir obstruer la lune glaciale, métallique, et la Voie Lactée. En été, la longueur des jours contraignaient la petite vampire à demeurer cloitrée dans l’appartement d’Armand jusqu’à 18 heures d’affilées, et il était impossible d’affirmer sans mentir que celui-ci regorgeait d’occupations à même d’intéresser une éternelle gamine de 10 ans. En soupirant, elle redirigea son attention sur les demoiselles assises, sur des coussins, en face d’elle. « Diane, vous reprendrez bien du thé, très chère ? ». La poupée prénommée Diane la toisa fixement de son regard vert bouteille. « Vous m’excuserez, je n’ai que du thé vert, mais c’est très bon pour la peau. » Elle versa délicatement le contenu d’une théière en porcelaine dans de petites tasses à même le sol. Elle aimait bien tout ce cérémonial, les volutes grises qui s’envolaient en spirales du liquide à l’odeur d’herbe brûlée ; pourtant le thé finirait dans le lavabo, une fois de plus. Tout comme Armand enchainait gâteau sur gâteau qu’ils ne dégusteraient pas, elle remplissait des tasses que ni elle, n’ayant d’autre soif que celle du sang, ni ses poupées, ne pourraient boire. L’eau chaude, les feuilles séchées et tous les antioxydants qu’elles contenaient finiraient aux égouts, à défaut de rajeunir leurs peaux de porcelaine.

Elle entendit enfin les pas d’Armand résonner sur les marches et s’arrêter devant la porte de sa chambre. « Sarah ! » L’apostrophe annonçait le coucher du soleil libérateur « On y va, avec ou sans poupée ! ». Avec, bien sûr, quelle question. Hors de question que la petite brune sorte sans une de ses camarades sous le bras. Après tout, elles étaient les seules à avoir la capacité de passer leurs vies entières avec elle, à partager ses loisirs ; elles lui étaient si semblables que la vampire n’aurait su se sentir en sécurité sans une poupée à portée. Et puis, au fond, Armand ne semblait pas les détester, autant en emmener une. Elle saisit donc un des multiples bras en porcelaine qui se présentaient à elle et alla ouvrir la porte. Armand se tenait derrière, vêtu, comme à son habitude, de façon excentrique, tenant encore son T-shirt anis dans une main et berçant une poupée égarée de l’autre. La scène aurait pu paraitre très attendrissante s’il ne s’était pas hâté de se débarrasser du petit corps froid afin de se vêtir. Puis il considéra Sarah de haut en bas, vérifiant qu’elle était correctement parée pour leur sortie nocturne ; la paire de ballerines saumon qu’elle portait, assortie à sa jupe en tulle, sembla le satisfaire puisqu’il se dirigea vers l’ascenseur en lui faisant signe de la suivre. Elle était tellement redevable à Armand. Après tout, peu de vampires se seraient montrés aussi attentifs et patients avec elle. L’ange déchu était pourtant séduisant, sûrement populaire, joueur à ses heures, et aurait pu choisir de mener une vie beaucoup excitante en ce XXIe siècle que celle de baby-sitter – presque – à plein temps d’une petite peste immortelle. Cependant il l’hébergeait, prenait soin d’elle, et l’accompagnait même occasionnellement chasser, toujours à la surveiller de loin, un peu à la manière d’un ange gardien. Elle étouffa un rire. Si Armand avait su ce à quoi elle le comparait, il l’aurait sans doute très mal pris.

A la sortie de l’immeuble, l’ancestral la prit sur ses épaules, comme à son habitude. Même si Sarah doutait que ce geste soit un étalage d’affection fraternelle, elle appréciait cette attention, et se fit mener ainsi, sa poupée serrée contre son corps, cahotée par les pas de son hôte, jusqu’au Parc Lafayette. C’était son lieu idéal pour chasser, et ce pour deux raisons toutes simples. D’abord, il regorgeait de personnes mauvaises la nuit, des proies de choix pour la vampire-enfant qui ne souhaitait s’attaquer qu’aux « méchants » par acquis de conscience. Et surtout, elle avait les aires de jeux à elle toute seule, privilège dont elle ne se lassait pas. Armand s’arrêta et la fit valser par-dessus son épaule, puis en posant sa main doucement sur ses cheveux lui posa la question fatidique. « Bon alors – balançoire, toboggan ou tourniquet ? » Choix ardu qui se présentait là. « ‘Y a pas l’option ‘chat avec les méchants’ ? », demanda-t-elle tout aussi sérieusement. Non loin d’eux rodaient, tapis dans l’ombre, des silhouettes sombres dont les murmures perçaient la nuit et les échos lointains de jazz. Mais à bien y penser, sa soif pouvait encore attendre. Elle dévora des yeux les distractions qui s’offraient à elle. Pas le tourniquet, déjà fait trop souvent. Et puis c’était rigolo deux secondes, mais les vampires n’ayant pas le tournis, l’amusement procuré se trouvait rapidement limité. Et elle s’était toujours trouvé un peu grande pour le toboggan, si attrayant fut-il avec ses couleurs vives. « Sinon, balançoire. Mais tu me pousses alors. » L’éternelle gamine se dirigea en toute hâte vers le portique et s’installa sur la balançoire du milieu. L’air se rafraichissait lentement et une brise douce passa sur son visage, chargée des odeurs du gazon fraichement coupé et des fleurs des bosquets. Elle se prit d’une envie de s’envoler, vite et haut, très vite et très haut et d’aller parler aux nuages ; mais la musique que vomissaient les bars, non loin du parc, l’irritait. Toujours les mêmes saxophones depuis plus d’un siècle, toujours les mêmes airs de blues, revisités et détruits par une jeunesse inculte. « Et je veux que tu chantes aussi. » Oublions la jeunesse, et visons l’éternité.



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Armand M. Gauthier
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyLun 2 Aoû - 9:15

« ‘Y a pas l’option ‘chat avec les méchants’ ? » Le vampire soupira. « … Non. » Pourquoi cette question ne le surprenait-elle-même plus ? Avec Sarah, tout était toujours si simple : les gentils, et puis les méchants. Le noir et le blanc, la nuit et le jour, tout ces inepties là. Elle ne voyait jamais les nuances de gris qui étaient les vraies couleurs de la vie. Quelle naïveté pour une vampire, même enfant ! Et pourtant, c’était touchant, de voir cette petite chose que deux cent ans de damnation n’avaient pas affectée plus que cela. Le meurtre sanglant de sa famille, sa propre transformation agonisante, la certitude que son ‘père’ Metatron avait noircie son âme et empêchée à tout jamais d’atteindre l’âge adulte, tant de choses qui auraient dues la rendre amère et mauvaise. Oui, auraient dues… Alors pourquoi cette joie de vivre, cette tranquillité face à son destin ? Pourquoi la seule chose qui la préoccupait réellement en cet instant était-elle le choix d’un nouveau jeu ? « Sinon, balançoire. Mais tu me pousses alors. » « Tu as fait le bon choix. » sourit-il en la suivant jusqu’à la structure gagnante, secrètement ravi qu’elle n’ait pas préféré le tourniquet ou le toboggan. La balançoire, tout comme les poupées, faisaient partie de ses amours d’excentrique. C’était un peu comme voler, tout en restant fermement ancré sur terre. Sarah ne choisissait sans doute pas la balançoire pour cela, mais pour Armand qui avait connu le pouvoir enivrant du vol, c’était ce qui faisait toute la différence.

« Et je veux que tu chantes aussi. » « A tes ordres, Princesse Peste. » Chanter. Il avait fallu qu’elle prononce le mot magique, celui qui ferait sortir le djinn de sa lanterne. Pauvre enfant, si seulement elle se doutait de ce qu’elle venait de faire…Les mains sur le siège de la balançoire, Armand hésita un instant – cette chanson, il l’avait dans la tête depuis qu’elle était passée à la radio ce matin, tandis qu’il faisait la cuisine. Mais était-ce pour autant nécessaire de la chanter ? Peut-être. Il fallait bien qu’il la sorte de son esprit, après tout, sinon il serait condamner à se faire hanter par la voix rose et pailletée – comment mieux la décrire ? – de George Michael. Allez, c’était parti : « Jitterbug! » Une poussée. Taper dans ses mains. « Jitterbug ! » Une autre poussée. Taper dans ses mains. « Jitterbug ! » Encore une. Taper. « Jitterbug ! » Encore pousser, encore taper. Et puis: « You put the boom-boom into my heart, you send my soul sky high when your loving starts ! » A bien y réfléchir, ce n’était sans doute pas la meilleure chanson pour pousser une petite fille sur sa balançoire. Tant pis, c’était celle qu’il avait choisie, et celle qu’il chanterait ; Sarah n’allait pas l’arrêter maintenant qu’il était lancé.

« Wake me up, before you go-go! Take me dancing tonight: I wanna hit that high! » Sa voix était montée dans les aigus, c’était fichu. Plus aucune chance de se restreindre à de simples tapotements de pieds. Il fallait qu’il bouge, qu’il laisse son corps suivre le rythme de cette chanson diabolique, oui, diabolique – mais si envoûtante… Mais qu’est-ce qu’elle avait de particulier, cette chanson ? Qu’est-ce qui faisait qu’il ne pouvait jamais y résister ? Le rythme, la voix, les paroles, la musique, quoi ? Elle n’avait rien d’une ballade de Chopin, pourtant. Rien qui en faisait un mythe de l’harmonie, de la beauté ; elle n’était qu’une chanson amusante, entraînante, facile à suivre, divertissante. Du pain pour la foule. Peut-être était-ce cela – elle ne prétendait pas être autre chose que ce qu’elle était. Cette chanson respirait la joie de vivre, tout simplement. Elle se contentait d’être une mélodie sur laquelle on avait envie de danser, de donner une couleur vive à ces cordes de lyre mystérieuses qui vivent dans nos cœurs, sans chercher de récompenses ou de reconnaissance. C’était le sourire dans la voix du chanteur, son attirail ridicule, les paroles sans prétentions : c’était ça, le charme. Celui qui faisait qu’en cet instant précis, Armand avait donné une poussée suffisante à la balançoire pour qu’elle continue toute seule pendant un bon moment, sans pour autant envoyer Sarah faire le tour de l’assemblage. Elle n’avait pas apprécié, la dernière fois.

Et maintenant il était devant elle, s’éloignant avec chaque déhanchement accompagné d’un tapement dans ses mains. Dieu qu’il devait apparaître comme ridicule en cet instant. Si Azazel ou Méphistophélès passaient par ici en cet instant, il n’entendrait jamais la fin de cette histoire. Les vampires ancestraux étaient censés être des personnages imposants, mystérieux. Dramatiques. Pas des imbéciles heureux qui offraient la vision de leur corps svelte se mouvant au rythme d’une banale chanson de pop dans un parc à la nuit tombée. Dommage qu’Armand ne se soit jamais réellement senti concerné par les conventions sociales, à moins qu’il ne veuille les tourner à son avantage. Il avait envie de danser, alors il danserait, et aucune image à entretenir ne l’arrêterait. Si les anges pouvaient chuter, si les humains pouvaient se repentir, alors les vampires pouvaient chanter, danser, rire, sourire comme il le faisait en cet instant. Tout en continuant, il avait conscience de Sarah qui le regardait se donner en spectacle, mi-frustrée qu’il l’ait abandonnée sur la balançoire mi-amusée par ce qu’il faisait. Il avait également conscience que sa voix avait indiquée leur présence aux rôdeurs du parc, dont certains semblaient penser à se rapprocher. Parfait, sa protégée aurait sans doute soif après toutes ces heures enfermées dans son appartement.

A quoi ressemblaient-ils aux yeux d’humains ignorants ? Un jeune homme s’occupant d’une enfant de loin sa cadette. Une petite princesse rose dont les cheveux voletaient au vent, accompagnée de son fou en costume déluré. Deux fleurs de la jeunesse qui ne se souciaient de rien, pas même du danger qu’ils semblaient encourir en restant ici. Un frère et sa sœur peut-être, avec leurs quatre yeux bleus intenses, leurs peaux pâles et leurs cheveux brillants de vitalité. Mais ce n’était pas ces détails qui indiquaient leur fraternité latente ; la source était cette lueur étincelante dans leurs regards émerveillés par les étoiles, cette légèreté de leurs rires, ce courant de folie vibrant sous la surface de leurs corps parfaits. Folie. Nom de la déesse cruelle et aimante à la fois qui les forçait à confectionner des repas auxquels ils ne toucheraient jamais, à infuser des thés que leur palais ne goûteraient jamais, à combiner avec plaisir leurs vies de vampires et de faux mortels, adoptant des traits et des tics qu’on n’imaginait pas chez leur race. Les vampires ne riaient pas dans les parcs, les vampires ne savaient pas ce qu’était la joie et l’affection. Ils ne connaissaient pas le sens du mot famille, amour, espoir. Ils n’étaient que des coquilles vides, sans âmes, monstres éternellement assoiffés et révoltés par ce qu’ils n’auraient jamais. Mais pas eux ; pas Samaël, pas Sarah. Parce qu’ils étaient fous, et que leur folie les rendait presque… humains.
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Sarah P. Hyweach
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyLun 2 Aoû - 21:38


« A tes ordres, Princesse Peste. » Sarah ne retint pas son rire cette fois-ci. C’était un cri de joie qui s’échappait de la gorge de la petite, un cri empreint de fierté gamine. Elle se sentait à ce moment précis si en accord avec elle-même ; qu’Armand, celui qui la connaissait le mieux après tout, l’affuble de ce surnom lui allait parfaitement. Il était la traduction exacte du nom hébreu que lui avaient donné ses parents lors de son baptême, plus de deux siècles auparavant. Une princesse, elle rêvait de l’être, assurément ; mais pas comme toute les gamines humaines, non. Elle l’avait été, ou avait cru l’être, puis avait perdu ce titre immatériel. Pourtant elle continuait la quête de son innocence massacrée, de la légèreté que son esprit avait semée dans la bourrasque qui effaça sa famille. Peste ? Oui, peut-être, elle agissait comme une adorable petite Peste. Comme une enfant. Cette pensée la soulageait. Du fond d’elle-même, deux-cents années s’étaient déjà écoulées et avaient marquées sa logique ; mais la spontanéité infantile de ses actions n’avait pas été modifiée.

Armand souleva la balançoire sur laquelle la petite vampire était assise, hésita un moment, à la recherche d’une chanson, puis la poussa soudainement « Jitterbug ! ». Envol. Clap des mains. « Jitterbug ! ». Envol, plus haut. Clap des mains, à nouveau. « Jitterbug ! ». Toujours plus haut, toujours plus fort. « Jitterbug ! ». Un dernier clap des mains, et Sarah s’envolait, ses longs cheveux bruns ondulés volant au rythme de la balançoire. « You put the boom-boom into my heart, you send my soul sky high when your loving starts! » Sarah rit à nouveau. Armand avait donc choisi une chanson qui avait du être le hit des clubs gays de la décade précédente. George Michael était un choix original pour jouer avec une gamine de 10. Mais il y avait du vrai dans ces paroles, au fond. You send my soul sky high… Elle répéta ces mots dans sa tête. Sky high. En ouvrant grand les yeux, à la fin de la courbe ascensionnelle, elle se retrouvait face à face avec les nuages amassés du ciel nocturne, au travers desquels pointaient de fins rayons de lune. Sky high. Une pointe de jalousie vint la blesser ; Armand, lui, avait connu ces nuages, il avait marché dessus, avait joué dans leurs creux. Elle, elle n’avait été qu’un demi-ange, mais elle aurait aimé avoir une belle paire d’ailes de cygne dans le dos aussi, et s’élever parmi les oiseaux. Foutu Créateur, c’était du favoritisme. Mais Armand attaquait déjà le refrain. « Wake me up, before you go-go ! Take me dancing tonight: I wanna hit that high! ». Sur cette dernière note, il monta dans les aigus, majestueusement, d’une voix à en faire pâlir les chérubins célestes, et fit balancer Sarah une ultime fois.

Il se mit alors à danser, comme si le Diable avait pris possession de son corps, en toute ironie. Possédé par George Michael, c’était cela. Sarah se sentit à la fois vexée d’être ainsi délaissée au profit d’une chanson pleine de paillettes et fanfreluches ridicules, et amusé par le spectacle qui s’offrait à elle : l’ancestral était remué par les paroles qu’il fredonnait, agité par une excitation extrême, à tel point que l’éternelle enfant se sentit conquise par le rythme rapide de la mélodie, en symbiose avec les balancements de la balançoire. C’était si… jouissif. Le chant juste d’Armand, son énergie, l’énergie dans la trajectoire circulaire qu’elle décrivait, tout cela explosait à l’intérieur d’elle-même. Elle tendit les jambes devant elle afin de se propulser encore plus haut, les épaules en arrière, les pieds en pointe dans ses ballerines, puis les replia l’une après l’autre sous le siège suspendu alors qu’elle repartait dans le sens inverse, frôlant de ses chaussures le sol sablonneux. Elle ne put se retenir lorsqu’Armand se déhancha sans retenue. « Come on, baby, let’s not fight… » « … We’ll go dancing, everything will be all right! ». Leurs rires respectifs résonnèrent dans la pénombre. Seulement, si seulement, un member du Conclave venait à passer par là ! Tout d’abord, Sarah n’était même pas sûr qu’il les aurait reconnus ; mais si d’aventure, il les identifiait effectivement, la vampire aurait donné toute sa collection de poupées – enfin non, pas toute, presque toute – pour entendre ses pensées. Elle sourit encore davantage en imaginant la réaction de Benjamin s’il les voyait, elle sa fille et lui l’ange déchu censé être son ‘tuteur’, s’époumonant sur un tube gay, au milieu d’une aire de jeux, à 11 heures du soir. Mais après tout, on pardonne tout à une gamine de 10 ans et les ancestraux étaient habitués aux excentricités d’Armand. Alors, aucun souci pour continuer à danser, à chanter à tue-tête, à jouer à la balançoire, puisque seules ces douces folies avaient un sens.

Lorsque son camarade de jeu prononça le dernier « Jitterbug », Sarah fit un salto parfait depuis le haut de la balançoire, son tutu léger volant à ses côtés ; elle atterrit toute droite sur ses deux pieds et fit une belle révérence, fière d’avoir fait son petit spectacle. Au fond, elle et l’ancien ange Samaël était deux grands gamins, ignorant savamment les conventions, ivres d’amusements candides, purement et simplement fous. En cela, ils étaient les plus humains de tous les vampires ; c’était une folie saine, qui se serait nommée joie de vivre si le mot ‘vie’ s’était appliqué à leur existence. Alors soit, la joie d’exister, c’était cela leur mode de vie. Ils étaient maudits, condamnés à l’immortalité et à la dépendance, mais tout de même heureux d’exister et d’expériencer chaque jour de nouvelles sensations qui leur rappelaient que malgré tout, ils étaient là, présents. Leurs congénères n’éprouvaient pas ce besoin, cette angoisse face à leur existence, se contentant sans trop réfléchir d’être des outres de pierres se remplissant de sang. La différence devait être là, dans le niveau de réflexion et l’intelligence. Au fond, Sarah n’avait gagné ce trait qu’au contact d’Armand ; c’était la révolte muette de celui-ci face aux contraintes vampiriques, dans laquelle elle se retrouvait, qui l’avait libérée. Elle le voyait bien, ils auraient été capables de se fondre parfaitement dans une foule humaine sans être démasqués, tant leur relation pouvait paraitre fraternelle et leurs amusements sans intérêt. Ils vivaient constamment en funambules sur la limite entre vampirisme et semblant d’humanité, du mieux qu’ils le pouvaient, et ils aimaient cela.

Sarah jeta un coup d’œil rapide à Armand, qui fixait un groupe d’individus à l’allure suspect plus loin. Les figures se regroupaient dans l’ombre, et se rapprochaient dangereusement. Sans doute leurs rires innocents, leurs jeux, leurs danses et, peut-être même leurs apparences, les attiraient-elles. Après tout, sous les airs de nerd inoffensif d’Armand et de petite princesse de Sarah, se cachait un pouvoir d’attraction phénoménal, propre à leur espèce. Les hommes qui se rapprochaient n’avaient pas l’air, à la plus grande joie de la petite brune, de gentils moutons en quête de caresses. Elle se rapprocha de son compagnon et attrapa son T-shirt vert anis dans son petit poing, un grand sourire se dessinant sur sa bouille angélique. « Chouette. Chouette, chouette, chouette . Elle lâcha sa prise sur Armand. « Tu chasses ce soir aussi, ou c’est juste moi ? Parce que c’est pas très drôle toute seule, j’préfèrerai qu’on fasse un concours ; celui qui attrape le monsieur le plus méchant gagne. » Sur ces mots, Sarah passa doucement sa langue sur ses canines supérieures. Elle n’aimait vraiment pas la chasse en tant que telle : détruire une nuque sous ses crocs nus, ça ne l’enchantait pas particulièrement, surtout si c’était pour ruiner son tutu saumon. Mais lorsqu’il s’agissait d’un jeu, cela prenait une autre dimension. C’était plus fort qu’elle, impossible de se retenir si l’utile, à savoir la chasse aux méchants, se joignait à l’agréable, c'est-à-dire, ici, un gain. « Et le vainqueur a le droit à un tour de balançoire supplémentaire! » Eh oui, Armand allait devoir se coltiner une nouvelle danse s’il perdait ; il ne fallait pas sous-estimer la Princesse Peste !




(Et tu sais quoi? Je suis tellement fière d'avoir fini dans les temps que je vais aller m'écouter George Michael, tiens!)
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyMar 3 Aoû - 16:10

« Chouette. Chouette, chouette, chouette !» Le plus difficile était de ne pas la regarder droit dans les yeux et répondre ‘hibou’. Heureusement, Armand contint cette blague assez vaseuse pour se concentrer sur la gamine lui tirant le T-shirt. « Tu chasses ce soir aussi, ou c’est juste moi ? Parce que c’est pas très drôle toute seule, j’préfèrerai qu’on fasse un concours ; celui qui attrape le monsieur le plus méchant gagne. Et le vainqueur a le droit à un tour de balançoire supplémentaire! » Mais oui c’est ça. Il allait sacrifier son palais épicurien pour jouer à un jeu idiot dont les valeurs morales lui paraissaient ridicules. « Primo, la Peste : je n’ai pas les mêmes lubies insensées que toi. Je prendrais le plus appétissant. » C’était beaucoup plus sensé ; surtout qu’avec son déguisement de princesse, ses grands yeux innocents et sa taille d’enfant, Sarah était beaucoup plus apte à attirer les déviants et les pervers que lui. Vouloir rivaliser aurait été inutile. « Deuxio, t’as un avantage sur moi : avec ton physique, t’es sûre d’attirer le ‘monsieur’ le plus mauvais. Et tertio… » Sa voix se baissa, et il se pencha comme pour lui livrer un secret. Bouche à quelques millimètres de son oreille malgré leur ouïe surdéveloppée, il souffla : « Prépare-toi à mordre la poussière, princesse ! » C’est vrai quoi, il avait soif – il n’avait touché à personne depuis trois jours et cela commençait à le tirailler. Bien sûr, il aurait pu se retenir et patienter pendant jusqu’à des mois, mais quel était l’intérêt ? En se torturant il ne ferait que s’affaiblir, se rendre plus hargneux, s’irriter et risquer ainsi soit de tuer quelqu’un soit de mordre une personne de son entourage. Mona, par exemple, ce fruit défendu dont l’odeur l’obsédait. Combien de temps tiendrait-il en sa présence si la soif le tiraillait ? Même la peur d’en perdre Pollux ne pourrait pas le retenir trop longtemps. En parlant de Pollux… Ces hommes sentaient l’alcool, la testostérone et cette odeur curieuse de poisson et de cigarette particulière à un bar situé non loin de son hôtel, connu pour les bagarres qui y éclataient souvent. C’était confirmé, ils étaient soûls et agressifs. Le vampire jeta un regard aux figures approchant, se croyant cachées par les ombres. Combien étaient-ils ? Quatre, et le plus jeune n’avait pas dix-huit ans. A voir leurs visages – ils étaient à la lisière du terrain d’enfants, s’arrêtant un instant pour voir si le duo allait fuir – le plus jeune était le frère d’un des autres, et c’était pour cette raison qu’il les avait accompagné. Pas le plus mauvais donc, à voir son sourire stupide et inexpérimenté. Tu te sens fort, là ? A attaquer une gamine et un mec avec des lunettes ? Très joli, il y a de quoi prouver ta virilité, c’est sûr. Dommage pour toi que tes ‘victimes’ soient un peu plus coriaces que prévu.

A leur arrivée sur le terrain de jeu, le groupe leurs lança quelques piques, des phrases types d’hommes se sentant sûrs de leur victoire et voulant intimider encore plus leurs adversaires. Armand n’y fit pas même attention, trop partagé entre le désir de leur sauter à la gorge sans plus attendre et le besoin de jouer encore un peu avec eux, leur faire croire qu’il était terrifié par leur nombre et leur force. Il posa sa main sur l’épaule de Sarah, dans un geste apparemment protecteur mais en réalité désigné pour la faire se tenir tranquille encore un peu : il voulait voir leurs visages, deviner à leurs regards encensés par la boisson qui était le meneur, et qui le plus sadique. Pas le jeune ; pas non plus le grand maigre aux mains nerveuses ; peut-être la brute épaisse stéréotypée, ou son camarade plus svelte mais tout aussi baraqué, avec l’anneau nuptial sur son doigt. Mais c’était le jeune dont le sang l’attirait le plus… Tant pis, Sarah aurait un autre tour de balançoire. Ce n’était pas un drame, mais plutôt le contraire. Il n’était que minuit moins le quart, ils avaient encore de belles heures devant eux. Mais d’abord, s’occuper des grands méchants loups assez sots pour s’en prendre aux chasseurs. « J’ai bien fait de mettre mes vêtements de victime. » confia-t-il à Sarah, tandis que leurs ‘agresseurs’ les encerclaient. « J’ai l’air à peu près aussi inoffensif et pathétique que toi. » Armand n’avait jamais été très doué pour complimenter Sarah – ceci dit, il n’essayait pas réellement. Elle ne l’aurait jamais laissé oublier ses paroles, s’il avait tenté. Sa voix n’ayant pas été plus haute qu’un murmure, elle seule avait pu discerner ce qu’il disait. Les autres invités à cette mascarade se contentaient de sourire stupidement, roulant leurs muscles avec fierté. Ils voulaient peut-être faire le hakka des Nouveaux-Zélandais pendant qu’ils y étaient? Non, mieux valait abréger leur humiliation – levant soudain le regard vers les quatre humains, Le vampire retira ses lunettes, sourit diaboliquement et envoya un baiser au plus balourd du groupe. Evidemment, celui-ci ne réfléchit pas à ce que pouvait cacher cette provocation insensée et, avec un cri de rage, s’élança avec l’intention ferme de le réduire en bouillie. En chemin, il rencontra le poing d’Armand.

L’armoire à glace tomba en première, mise K.O. par la droite d’Armand. Autant leur faire comprendre qu’ils avaient pris la mauvaise décision en battant dès le premier coup les muscles du groupe. Décontenancés, les trois hommes hésitèrent, pris de doutes à juste titre. Malheureusement, ce fut le moment que choisit Sarah pour se jeter sur l’un d’entre eux, griffant et mordant avec grande joie. Les deux autres échangèrent un regard et s’enfuirent en courant. Enfin, ce fut ce qu’ils tentèrent de faire, mais Armand les rattrapa rapidement. CRAC. Le bruit d’une épaule qui se déboîte. L’ombre la plus grande des deux s’écroula avec un cri de douleur rapidement étouffé par un léger coup de pied dans la tempe, cadeau de son adversaire qui s’élançait déjà à la poursuite de son repas de la soirée. Plus agile que son frère et ses amis, le jeune traçait le parc à une vitesse surprenante, aidé par sa terreur. Soudain il sentit une ombre se jeter sur lui et le faire basculer au sol, l’enserrant dans une étreinte étouffante. C’était lourd, et froid, beaucoup trop froid pour un corps humain. On aurait dit la nuit elle-même qui venait l’enserrer… Telles furent ses dernières pensées avant qu’il ne perde également connaissance, sa tête tombant sur l’herbe mouillée tandis que ses yeux se révulsaient, la vision de deux petites lunes bleues brûlant leurs rétines. Ça, et la vision d’un sourire dément, digne du Chat du Cheshire.

Armand fut rapide à jeter le corps du jeune sur ses épaules, un peu à la manière des chasseurs transportant un sanglier. Il rejoint bien vite sa camarade, confiant qu’elle aurait maitrisé la victime de son choix sans problème. D’ailleurs, il la voyait déjà, penchée sur un homme agenouillé… Qui gesticulait encore ? Oui, il bougeait, bien que faiblement ; Armand souffla de frustration. Quand apprendrait-elle à ne pas jouer avec sa nourriture ? Mieux valait les rendre inconscient tout de suite. Arrivés au dessus de la proie et de son prédateur, Armand donna un coup à la nuque de l’homme, le regardant s’écrouler avec indifférence. Posant son dîner un peu plus loin, il maugréa : « Fais moi plaisir et évite de lancer l’Enclave ou la police à nos trousses, » dit-il simplement, lui rendant le corps inconscient. Certes, les voyous n’étaient pas morts, et ils n’avaient théoriquement commis aucun crime. Mais Armand préférait passer sous le radar des Nephilims et des humains, en règle général : lorsqu’ils trouvaient une trace de son existence, les semer était quelque peu ennuyeux. Sans parler d’ennuyant. Ayant visé la tête à chaque fois, il était à peu près sûr que le quatuor confondrait aisément la douleur des coups avec celle de la gueule de bois, tout en n’ayant aucun souvenir de leur rapide entrevue avec les véritables agresseurs de l’histoire, imputant leurs blessures à une bagarre de bars. Lorsque l’on peut rester discret, on le fait. Sur ce, il s’assit en tailleur à côté du jeune évanoui, et dégagea sa nuque pour y planter ses crocs.
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Sarah P. Hyweach
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyJeu 5 Aoû - 0:52


« Primo, la Peste : je n’ai pas les mêmes lubies insensées que toi. Je prendrais le plus appétissant. ». Le sourire de Sarah disparut ; bien qu’elle se soit attendue à ce genre de réponse, l’entendre de vive voix ruinait toute l’excitation que lui offrait le jeu de la chasse. Elle en voulut à Armand d’ignorer son caprice gamin et de se libérer une fois de plus d’une contrainte que sa conscience à elle lui imposait. Le plus appétissant ? C’était la facilité, l’absence de principes. Mais c’était Armand après tout. « Deuxio, t’as un avantage sur moi : avec ton physique, t’es sûre d’attirer le ‘monsieur’ le plus mauvais. » Bien sûr, parce que maintenant c’était elle la tricheuse ? C’était plutôt ironique, surtout venant d’un ancestral qui se jouait en permanence des autres, de quelque race qu’ils soient. Porter un chapelet et marcher en pleine lumière, ce n’était pas de la triche, ça ? La réponse s’imposa alors aux yeux de la petite vampire. Non, en effet, ça n’était pas de la triche ; c’était de l’autodérision. Le point qu’avait omis Armand, c’était que son physique à elle n’était pas de l’autodérision, il ne résultait pas d’un choix qu’elle avait fait. Sans s’en rendre compte, peut être, son aîné venait de lancer deux javelots brûlants dans deux zones particulièrement sensibles chez Sarah. Alors que la Hyweach ruminait sa déception, l’ancestral se pencha à sa hauteur, et lui murmura sur le mode de la confidence : « Et tertio, prépare-toi à mordre la poussière princesse ! ». Toute l’animosité de la petite peste s’envola aussi vite qu’elle était venue. Puisqu’Armand se pliait à son caprice et acceptait le jeu, elle lui pardonnait. Juste pour cette fois. Un sourire anticipateur revint se fixer sur ses lèvres et son regard reprit l’air mutin qui lui était si propre. « Rêve toujours. » La soif lui revint, plus forte, soif de sang bien évidemment, mais surtout soif d’amusement, soif de jeu, soif de victoire – et soif de balançoire, mais cela était une autre histoire.

Elle se remit de suite à l’analyse des quatre individus qui s’avançaient vers eux dans la pénombre. Leur odeur tout d’abord ; elle était confuse, brouillée, suant les émanations de leurs corps respectifs d’un même coup, avec en note de tête la senteur du tabac Lucky Strike et en couche de fond celle d’une Cologne peu raffinée, qui s’était perdue au terme d’une journée entière passée à écumer les bars. Ce dernier fait était quand à lui perceptible dans l’haleine chargée en alcool des gaillards. Ce détail donnait le feu vert à la petite vampire : l’alcool leur brouillerait les souvenirs dès le lendemain, elle n’aurait donc pas à craindre les représailles de Néphilims ou même de policiers… Heureusement, heureusement que les humains avaient été assez stupides il y a des siècles de cela pour entreprendre de fabriquer eux-mêmes leur propre fruit défendu. L’alcool faisait partie, au même titre que la drogue et d’autres fléaux, de ces choses humaines que ne comprenaient pas Sarah, n’ayant jamais eu l’occasion de les essayer. C’était, en théorie, une porte ouverte sur un monde loufoque dans lequel pouvaient danser des morses chirurgiens en Converse marrons fluo. Pourtant, la plupart des alcooliques qu’elle croisait lors de ses sorties nocturnes n’avait rien de personnes venant d’apprendre le cha-cha-cha avec des mammifères marins en blouses blanches. L’alcool était supposé donner des ailes, ouvrir les yeux, apporter la connaissance et le bonheur. Mais au vu du groupuscule qui s’avançait vers eux, Sarah ne put s’empêcher de penser une nouvelle fois que certains humains, décidemment, s’aveuglaient, se damnaient plus qu’autre chose en cédant à pareille tentation.

Les quatre hommes étaient à présent dans leur champ de vision ‘humain’, et avaient entamé leur phase dite de provocation. Sarah n’écoutait pas ce que disaient les ivrognes – ce devait être des piques lancées à Armand sur son look décalé ou la présence d’une petite princesse à ses cotés. Au lieu de cela, son regard et son esprit se fixa directement sur le grand svelte et baraqué au regard plus éveillé qui se tenait légèrement en retrait des trois autres. L’éternelle gamine avait acquis cet automatisme, cette capacité à discerner instantanément la personnalité la plus suspecte au milieu d’une foule de gens, au terme de deux siècles de chasse justicière. En souriant intérieurement, elle se dit que pour sûr, elle gagnerait ce concours. Armand posa sa main sur son épaule et lui murmura à nouveau : « J’ai bien fait de mettre mes vêtements de victime ; j’ai l’air à peu près aussi inoffensif et pathétique que toi. » Elle lui décocha un regard en coin. Ultime boutade avant le starter ? Soit. Il allait bien voir ce qu’il allait voir. Son névrosé préféré enleva ses fausses lunettes et envoya un superbe baiser volant au plus épais des voyous. Celui-ci, visiblement offensé, s’approcha en titubant, rageur, de l’ancestral qui lui mit aussitôt une magnifique droite. Le départ était officiellement donné. Sarah se jeta directement sur l’homme qu’elle avait repéré, avec un telle puissance qu’elle le plaqua au sol malgré son poids plume. Elle entendit vaguement le son d’une épaule déboitée et les pas de courses d’Armand plus loin, mais se concentrait sur sa proie. Maintenant qu’elle l’avait eu, lui, la cible, et qu’elle avait certainement remporté le défi, elle entreprit un nouveau jeu, tout aussi amusant.

Quel enfant n’a jamais labouré, petit, sa purée de sa fourchette ? Quel enfant n’a jamais essayé d’enfiler ses macaronis sur les branches du même instrument ? Quel enfant n’a jamais voulu dessiner des motifs, avec ses petits pois, dans son assiette ? L’adorable peste ne pouvait rien y faire, c’était plus fort qu’elle. L’homme était étendu à même le sol, entravé par les mains puissantes de la minuscule vampire, et toujours conscient ; c’était plus fort qu’elle. Elle le lâcha et le frappa du plat de la main, sur le front ; l’homme qui avait tenté de se relever s’étendit à nouveau, les yeux dans le vague. Sarah lui sourit candidement. « Je t’ai fait mal ? ». Sa proie baragouina des paroles incompréhensibles, mélange flou de fureur, de peur et de douleur. Tant mieux ; il le méritait. Elle plongea sa main dans la poche avant du jean de la brute et en retira un canif. Typique. Toujours en souriant de manière angélique, elle pencha son visage si près du sien que ses longs cheveux bruns tombaient sur ses joues et lui murmura « Oh, excuse-moi. Tu voulais te défendre avec ça, je crois? Tu avais peur de quoi, de tomber sur un grand dadais gay à lunettes et une gamine en tutu rose ? » C’était sans doute malsain pour une presque-enfant de se comporter ainsi, mais la chasse était le seul moment où Sarah pouvait relâcher toute la tension et le dégoût qu’elle avait accumulés à l’encontre de ces gens qu’elle nommait ‘méchants’. « Eh bien, tu avais raison, je crois. ». Elle colla le canif sous le menton de l’homme, le forçant à se mettre à genoux devant elle.

C’est ce moment que choisit Armand pour revenir de sa course, un jeune plutôt gringalet sur l’épaule. Avec indifférence, il regarda le visage crispé et perdu de la proie de sa protégée et lui donna un coup sec dans la nuque ; le voyou perdit conscience sur le champ. « Fais-moi plaisir et évite de lancer l’Enclave ou la police à nos trousses. » Oui, l’ancestral avait raison, comme toujours. Rester discret était la priorité numéro une. Mais Sarah n’était pas satisfaite. Un élan de rage obscurcit momentanément les pensées de la petite. Il aurait du souffrir, souffrir davantage, tous ces êtres abjects, ces démons devraient souffrir davantage. C’était eux, eux, les maux de ce bas-monde. Pas les vampires, comme on avait souhaité lui faire croire enfant, non, c’était les hommes et les femmes dépravés. Ils causaient le Mal, pas les immortels damnés, pas eux, pas Armand, pas elle. Surtout pas elle. Aussi soudainement que cette colère lui était montée lui virent les larmes. Un filet mince et salé se fraya un passage le long de sa joue de marbre et chuta dans l’abysse de sa bouche fine. Elle ne comprenait toujours pas, après deux siècles. C’était pourtant si simple. Le sang à demi-angélique qui s’était figé dans ses veines, lui, ne pouvait pas être drainé par ses yeux comme l’était sa douleur.


(Bon, c'est de la merde, j'étais fatiguée :D)



Dernière édition par Sarah P. Hyweach le Ven 6 Aoû - 1:53, édité 2 fois
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Armand M. Gauthier
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyJeu 5 Aoû - 19:00

Avez-vous déjà essayé de réconforter une enfant qui pleure quand du sang qui coule de vos canines ? Armand oui, et il était à peu près sûr que ce n’était ni rassurant ni agréable. Malheureusement il n’avait pas de mouchoirs à disposition, et s’essuyer sur son bras lui paraissait très peu élégant. Aussi, lorsqu’il s’aperçut que sa colocataire pleurait, il n’eut pas le temps de se donner une apparence moins effrayante avant de la prendre dans ses bras et l’attirer contre lui. Doucement, il se mit à bercer son corps gelé et sans vie, fredonnant une vieille comptine en langue d’oc. « Debat ma fenestro, at oun auselou ; touto la ney canto, canto sa cansou. » Il ne savait pas si Sarah la reconnaîtrait ou même comprendrait les paroles, même s’il lui avait chantée plusieurs fois alors que le soleil se levait et qu’elle s’enfouissait tranquillement sous ses draps confortables. L’histoire d’un homme séparé de son amour, et qui s’imaginait que l’oiseau à sa fenêtre chantait pour elle. Un beau chant, faisant sans doute partie des chansons préférées d’Armand, toutes époques et cultures confondues. La prononciation était encore très similaire à la phonétique de l’espagnol, et l’on voyait combien toutes ces langues avaient été proches pendant des siècles. Peut-être que l’enfant-vieille qu’il tentait de rassurer avec cet air à la fois chaleureux et rauque de douleur ne s’intéressait pas aux origines de sa langue maternelle, mais au moins aurait-elle plus de chances de comprendre le sens des paroles qu’une pure américaine.

« Se canto, se canto, canto pas per you: canto per ma mio qu’ès alen de youn. » S’il chante, s’il chante, il ne chante pas pour toi : il chante pour ma mie qui est loin de moi. Intérieurement, Armand se demandait le temps qu’il leur restait avant que leurs repas ne se reprennent conscience, laissant ainsi leur chance de satisfaire leur soif s’envoler. Il devait leur rester de bonnes heures, étant donnée la force avec laquelle ils les avaient frappés et la quantité d’alcool qu’il goûtait dans le sang du jeune, mais un évènement inconnu pouvait bien tout changer. Il suffisait qu’une tierce personne – sobre, celle-ci – ne passe dans le parc et ne les repère pour qu’ils aient des ennuis. Surtout qu’un des crimes surnaturels avaient été commis ici ; il ne manquerait plus qu’on ne les prenne pour les responsables. A cette idée, Armand lécha ses lèvres, se débarrassant efficacement du sang qui lui donnait une allure de monstre sanguinaire. Entre ses bras, Sarah ne bougeait pas, mais il sentait ses sanglots silencieux tâcher son T-shirt anis de leur amertume salée. Il ne comprenait pas exactement pourquoi elle s’était mise à pleurer ; où plutôt si, il s’en doutait, mais comprenait qu’il n’y avait pas de mots suffisamment précis et forts pour exprimer correctement le déchirement qu’abritait le cœur de Sarah. Sa vision manichéenne du monde, à défaut d’être adéquate, lui permettait de vivre dans un monde simple digne d’un conte de fées. Du moins, si l’on ignorait le fait qu’elle-même était une créature « mauvaise ». C’était de là que provenait tout le paradoxe qui lui causait tant de mal : simplement parce qu’elle avait été mordue il y avait 200 ans par Metatron, elle était à jamais condamnée par toute la société, et ce sans avoir commis le moindre crime. L’injustice était suffisante pour lui faire perdre la tête. Si Armand n’avait pas été formé de ce mélange de cynisme et d’idéalisme, il aurait crié et incendié les cieux et les hommes pour ce martyre qu’ils imposaient à une enfant – éternelle certes, mais enfant tout de même. Mais il savait que cela ne changerait rien, et que la seule chose qu’il pouvait faire était sécher ses pleurs.

« Aqeros mountagnos, tan s’abacheran, et mas amourettos, se rapprocharan, » fredonna-t-il, concluant la chanson sur cette note d’espoir. Dans ses bras, la petite vampire en tutu rose semblait s’être arrêtée de pleurer, ou du moins son T-shirt ne se tachait plus de ces petits ruisseaux salés. La prenant par les épaules pour lui permettre de regarder son pâle visage aux yeux azurés, il fut pris d’une soudaine vague d’amour fraternel pour elle. Bien sûr, il savait au fond de lui qu’il tenait énormément à Sarah et que sa disparition le ferait souffrir, mais il était rare que ces sentiments sortent de leur passivité habituelle. Ceci dit, il était tout aussi rare que la Hyweach se mette à pleurer. « Allez, sèche-moi ces yeux… » dit-il avec un sourire affectueux, essuyant les joues trempées avec ses doigts. « Si tu te mets à être triste, qu’est-ce que je vais devenir, moi ? » Après tout, Sarah c’était la bonne humeur dans sa vie, celle avec qui son grain de folie éclatait de la façon la plus joyeuse et innocente possible. Sa naïveté et sa simplicité enfantine éclaboussait son existence d’une lumière plus vive, moins nue et aseptisée que celle éclairant son regard lorsqu’il passait le plus clair de son temps seul ou en compagnie d’humains. Ce n’était pas tant que la compagnie de ces dernies lui était désagréable – sinon il n’aurait pas pris la peine de les côtoyer, mais avec eux il lui fallait continuellement porter un masque, se prétendre autre, cacher sa nature et sa folie. Avec les vampires il ne prenait pas cette peine, montrant et revendiquant au grand jour sa personnalité changeante et instable, Et avec Sarah, c’était encore plus différent. Non seulement il ne se cachait pas derrière des mensonges et des secrets, mais il n’avait pas non plus la sensation d’être constamment surveillé, épié au cas où il mettrait la sécurité du monde vampirique en danger. Ceux qui connaissent cette méfiance constante de son prochain sauront combien lui échapper, même un instant, est doux.
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Sarah P. Hyweach
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptySam 28 Aoû - 22:32


L’esprit vidé par la douleur, Sarah sentit vaguement les bras d’Armand s’enrouler autour de son corps et son torse faire barrière contre son visage. Il y avait une certaine douceur dans la fraicheur de la peau de l’ancestral, qui transparaissait au travers de son T-shirt, et qui soulagea immédiatement la petite vampire. Le contact froid anesthésiait ses pensées, endormait ses sensations, glaçait presque ses larmes sous ses paupières. Les bras d’Armand tanguèrent doucement et sa voix céleste s’éleva en un murmure « Debat ma fenestro, at oun auselou ; touto la ney canto, canto sa cansou. » C’était un fin fil d’acier que son hôte lui jettait, une corde au bout de laquelle flottait une bouée de sauvetage orange. Les paroles centenaires en langue d’oc avaient harponné l’esprit de la petite et le tirait maintenant lentement vers un rivage froid, immortel, et proche. L’éternelle gamine poussa un petit soupir ; du français, du français, même ce patois révolu : c’était si simple et pourtant si rassurant. La mélodie qui s’échappait de la gorge d’Armand montait en trilles, doubles-croches et octaves harmonieuses et familières. C’était leur berceuse à eux deux, les vampires les plus humains. Un de ses chants pleins de regrets mais également plein d’amour qui provoquent la détente et l’assoupissement dès les premières notes.

« Se canto, se canto, canto pas per you : canto per ma mio qu’ès alen de you ». Il y avait tout de même un mystère qui demeurait entier : n’importe quel francophone contemporain aurait trouvé ces paroles grotesques, vieillottes et pataudes. Alors pourquoi prenaient-elles un tel charme dans la bouche de l’ancestral névrosé ? Le fait d’avoir été un ange dans une autre vie ne suffisait pas à justifier cette magie. Les chérubins pouvaient posséder le secret de l’Harmonie, mais Sarah avait du mal à s’imaginer Armand au milieu de bambins ailés aux boucles blondes, aux joues roses, aux bras potelés, à demi-nus au milieu d’un ciel bleu pastel et de rayons divins. La pensée lui arracha une ébauche de sourire. Non, Armand n’avait pas pu être un de ces petits angelots à la lyre dorée qui animaient les banquets célestes tels qu’on les voit sur les tableaux de la Renaissance italienne. C’était simplement inconcevable. Alors, où était la clé, la solution ? C’était une émotion, incernable. C’était ce qui les liait, ce qui les unissait, mais c’était impalpable. Les larmes, petit à petit, se faisaient lentes et solitaires. Si elle l’avait encore pu, elle aurait béni l’existence de l’ancestral. Oh, elle ne le comprenait pas entièrement, comme lui ne devait pas comprendre la totalité de son esprit gamin non plus. Mais ils étaient un soutien indéfectible l’un à l’autre. Lui, lui apportait cette émotion et cette présence rassurante, ce contact presque fraternel et humain mais éternel. Elle, lui donnait… Que lui donnait-elle ? Une Princesse Peste, c’est encombrant ; pourtant Armand s’en accommodait bien. Que lui donnait-elle ? La réponse s’imposa à Sarah presque aussitôt. C’était ses gamineries amusantes et son attitude innocente, détachée, vis-à-vis de tout qu’elle lui offrait.

« Ageros mountagnos, tan s’abacheran, et mas amourettos, se rapprocharan. » Armand conclut la berceuse sur une note délicatement aigüe, aérienne, qui plana dans l’air du soir quelques secondes, puis atterrit doucement. Les larmes s’arrêtèrent d’un coup. Elle ne devait pas pleurer, elle ne le pouvait pas. Ce n’était pas son rôle, les gamines pestes amusent par leurs fixations enfantines mais ne chagrinent pas ceux qui leur sont chers. Et elle, Sarah, osait verser des larmes, au lieu de rire, devant celui qui faisait tant pour elle ? Elle ne pouvait pas se le permettre. Les mains d’Armand lui saisirent alors les épaules et la redressèrent, tandis que l’ange déchu plongeait son regard azur dans le sien. « Allez, sèche-moi ces yeux. » Ses longs doigts glacés essuyèrent sur ses joues les dernières trainées brillantes. « Si tu te mets à être triste, qu’est-ce que je vais devenir, moi ? » Sarah réprima un sanglot. Ca y est, c’était fait, elle avait tout ruiné, elle avait brisé l’équilibre qui les unissait. Elle baissa les yeux au sol et murmura un rapide « Désolée ». Pardonne, pardonne-moi Armand. Sauf qu’à rester dans ce cercle vicieux de l’apologie, elle n’arrangerait rien ; Il fallait briser cette atmosphère rapidement, tout de suite, d’une phrase dévastatrice et souriante. La fillette leva à nouveau les yeux vers son frère d’élection ; Si effectivement son sourire était un Soleil intarissable pour l’ancestral, sa présence à ses côtés lui était une Lune indispensable ; l’ange déchu irradiait de son excentricité l’air du soir, parsemait de doux rayons argentés magnifiquement instables le long de leur chemin de chasse…

« Sam ? » Il arrivait à Sarah d’interpeler son ami ainsi occasionnellement, en souvenir des décades passées, car au final ce nom seul demeurait. C’était encore un petit vestige d’un passé encore plus lointain que le sien, c’était presque rassurant et soulageant. Alors qu’un écho de sanglot s’échappait d’entre ses lèvres en un hoquet, la gamine posa son index sur le nez d’Armand. « Tu es le Roi des Gentils. » Elle dessina de son doigt une couronne sur le front de l’ancestral. « Au nom de toutes les plus belles chansons de la France, du Paradis Céleste, de George Michael, et puis de la Terre entière aussi, je te couronne. » Au nom de sa voix, au nom des berceuses centenaires, au nom des boites gays des années ‘90, au nom des angelots dodus de la Renaissance italienne, au nom de la complicité fraternelle qui les unissait, au nom des conventions à ignorer, au nom de deux siècles de vie avortée… « Et puisque tu es le Roi des Gentils, moi, je suis la Princesse. Et tu n’as pas intérêt à me contredire, … » Sarah lança à Armand un petit regard supposément menaçant « … Parce que la vérité sort de la bouche des enfants. »

La vampirette ne s’aperçut qu’alors du filet de sang qui coulait du la commissure des lèvres de son interlocuteur : dans sa hâte pour la consoler, il n’avait apparemment pas pu s’en débarrasser. Ce petit détail, qui aurait pu en d’autre circonstances la répugner – n’importe quel être civilisé, même vampirique, se doit de manger un minima proprement, c’était une base du savoir-vivre – lui donna l’envie soudaine de se jeter dans les bras de l’ancestral. Ce qu’elle ne fit pas, car la vue du liquide cramoisi lui rappela le but initial de leur venue ; d’un regard circulaire rapide, Sarah constata que son méchant-sans-assaisonnement n’avait toujours pas été suffisamment affaibli et qu’il risquait de se réveiller à tout moment. Hors de question qu’il ne s’échappe, lui. « D’ailleurs, la bouche des enfants devrait peut-être se nourrir rapidement ; Si d’autres humains nous voient, ça risque d'être difficile de leur faire croire à un accident de toboggan gravissime. »

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Armand M. Gauthier
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MessageSujet: Re: i'll miss the playgrounds - ft. sarah i'll miss the playgrounds - ft. sarah EmptyDim 29 Aoû - 19:23

Les yeux bleus devant Armand s’asséchèrent rapidement, à son grand soulagement. « Sam ? » Mon Dieu, il n’avait pas entendu cette appellation depuis si longtemps… Sam, diminutif de Samaël. Parfois il en venait presque à oublier son véritable nom, celui qui lui avait été donné à sa création. Lors des premières cinquante années de sa chute, seuls les autres anges déchus avaient pu le nommer ainsi, tant entendre ce souvenir douloureux de son ancienne fonction lui brûlait le cœur et les entrailles. Maintenant il acceptait ce prénom, le trouvait agréable à l’oreille même ; ce n’était plus le souvenir amer des âmes damnées criant et gémissant, ou le visage terrifié de la pauvre ange qu’il avait tué, mais celui de l’infini s’offrant à ses yeux tranquille, la beauté de l’Eden et la certitude que tout ce que lui demandait le Créateur était juste et bon. Des sentiments disparus aujourd’hui, remplacés par les regrets et les questionnements qui ne cessaient d’aiguillonner son âme souillée qui se débattait comme un oiseau dans une marée noire. « Tu es le Roi des Gentils. Au nom de toutes les plus belles chansons de la France, du Paradis Céleste, de George Michael, et puis de la Terre entière aussi, je te couronne. » « C’est trop d’honneur. » répondit-il d’un ton laconique, presque sec, tandis qu’elle traçait une couronne imaginaire sur son front. Ce n’était pas qu’il était de mauvaise humeur, mais plutôt que les mots ‘Roi’, ‘Paradis Céleste’ et ‘Gentils’ sonnaient en lui de manière plutôt désagréable, ravivant la peine de sa chute. Normalement il cherchait à oublier cette douleur, se réfugiant dans les plaisirs de la vie ‘humaine’ et les cahots de sa folie, mais les sanglots de Sarah lui avaient rappelé que malgré leur similarité, elle serait toujours plus humaine que lui, puisqu’elle l’était née.

« Et puisque tu es le Roi des Gentils, moi, je suis la Princesse. Et tu n’as pas intérêt à me contredire… Parce que la vérité sort de la bouche des enfants. » Voir que sa peste préférée était revenue à son état de tyrannie innocente habituel réjouit grandement Armand, laissant un sourire de prédateur – c’est-à-dire faisant transparaître ses canines – donner à son visage angélique un aspect quelque peu plus inquiétant. A ce tableau bestial, la petite sembla soudainement se rappeler du but principal de leur sortir, à savoir la chasse. « D’ailleurs, la bouche des enfants devrait peut-être se nourrir rapidement. Si d’autres humains nous voient, ça risque d'être difficile de leur faire croire à un accident de toboggan gravissime. » « La bouche des enfants devrait surtout arrêter de parler d’elle-même à la troisième personne, ça n’aide en aucun cas à la discrétion. » Enfin, il disait cela, il ne disait rien. C’était un simple conseil d’ami. La pudeur l’incitant à laisser Sarah finir son repas seule, il se leva et s’éloigna en direction du corps du jeunet toujours étalé sur l’herbe, visage tourné vers les étoiles et les avions. La jeunesse de son visage était stupéfiante, maintenant qu’il était débarrassé de ses faux airs de caïd ; étrange de penser qu’en une petite trentaine d’années les rides auraient gravé son histoire entre ses sourcils, autour de sa bouche, aux coins de ses yeux. Vieillir. Pour un être qui ne connaissait ni le temps ni l’âge, le concept était à la fois abominable et fascinant. Dire que Sarah aurait pu voir ses cheveux grisonner et ses muscles agiles s’envoler en fumée si Metatron ne l’avait mordue… Il était incapable d’imaginer la vampire dans cet état-là, que ce soit jeune fille ou vieille femme entourée de ses petits-enfants, courbée par le poids de Chronos. Soudainement, l’idée de s’abreuver du jeune homme qui perdait à chaque instant une parcelle de sa vie le dégoûta, l’horrifia même.

Au lieu de cela, il s’étendit sur la pelouse du parc, à mi-chemin entre le toboggan et la balançoire, croisant ses bras en dessous de sa tête. Ne souhaitant pas déranger Sarah pendant qu’elle finissait de satisfaire sa soif, il attendit patiemment qu’elle s’installe à ses côtés ; lorsqu’enfin il la vit s’assoir, il tira très légèrement sur une mèche de ses cheveux, l’enroulant et la déroulant autour d’un de ses doigts avant de lui poser une question : « Tu en as voulu à Metatron de t’avoir mordu, même pendant un moment ? » Comparé à son déchaînement musical de tout à l’heure, Armand était devenu étrangement grave. C’était en partie à cause des larmes de Sarah, mais également à cause du corps inerte du jeune homme non loin d’eux, dont le visage avait brièvement été remplacé par celui d’un autre humain, nettement plus proche du vampire celui-là. L’idée était soudainement venue à Armand que Pollux, tout comme le voyou inconscient, allait vieillir de jour en jour jusqu’à un jour s’éteindre complètement. La pensée lui sembla si ignoble, si inutilement cruelle qu’il ne savait pas comment l’exprimer. Il prit conscience que, contrairement à ses autres amants, il ne pourrait pas supporter de rester et de voir le temps lui prendre petit à petit la beauté sauvage et mystérieuse du blond, tout comme il ne pourrait tout simplement le quitter lorsque son éternelle jeunesse commencerait à devenir suspecte. Et pourtant, l’idée de mordre Pollux ne pouvait s’enraciner dans son esprit. « Ce que je voudrais savoir, c’est si tu l’as jamais haï à cause de ta transformation. Parce que Pandore ne m’a jamais témoigné une quelconque hostilité, mais notre lien l’empêche probablement de s’exprimer. »
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