your innocence is mine ;

Aimer. Aimer si fort qu'on en a de la difficulté à dormir, ça vous est déjà arrivé ? À moi, oui. Simplement penser encore et encore à elle sans arriver à cesser de penser. Ses songes qui hantent comme de voix et rendent le sommeil introuvable. Lorsque ce n'était pas ma propre voix devenue énervante que j'entendais la vanter dans ma tête, c'était son image. Son sourire effervescent qui m'a chaviré de mes chaussures dès le premier regard. Pas que je sois un être obsédé, non, enfin, je ne crois pas. Seulement elle m'a ensorcelée. Elle m'avouerait qu'elle est une sorcière vaudou ou un truc du genre et je serais la personne la moins étonnée. Plus j'apprenais à la connaitre et plus je m'attachais à elle sans espoir de retour en arrière. J'aurais décroché la lune pour elle, au sens propre du terme. Je ne l'avais pas vue depuis quelques jours et elle me manquait, comme un vide en ma personne lorsque sa présence n'était pas à mes côtés. Une journée de plus et j'allais définitivement lancer des pierres à sa fenêtre et lui chanter une sérénade de mon cru.

Ce n'était pas l'envie qui manquait alors que mes pas me menaient dans Lafayette Square. Il faisait noir, partout autour, la noirceur engouffrait la vie. Que quelques réverbères bien trop distancés, mais je n'avais pas peur. La nuit ne m'avait jamais effrayée, je me sentais invincible alors que je n'étais qu'un repas pour certains dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Mes chaussures grésillaient avec lenteur contre la terre humide. La démarche de celui qui flâne parce qu'il n'a rien de mieux à faire. À cette heure, j'étais le seul. Pauvre oiseau de nuit qui ne trouvait pas de plaisir au sommeil parce qu'il était trop épris de la liberté nocturne. Je relevais mon bras, remontant ma manche pour voir l'heure qu'elle affichait sous la lumière artificielle que je ne tarderais bientôt pas à quitter. Une heure dix-huit et deux secondes. Je considérais les millièmes de secondes inutiles et elles s'envolaient, on ne peut les saisir ou encore les lire par manque de temps. Puis la noirceur ne fit qu'une bouchée de moi. J'avais peine à voir mes extrémités, la nuit était ridicule. Rien que par son inconnu, la nuit effrayait. Parfois il y avait des raisons d'avoir peur, comme ce qui allait suivre dans très peu. J'entendis un bruit, comme un grondement derrière moi. Réflexe, je me retournais pour voir à qui j'avais affaire. Un itinérant ou encore un animal quelconque. Personne. Le sentais un frison dans mon dos, je me retournais brusquement. Puis je voyais quelque chose passer, rapidement, comme un éclair blanc. Je me retournais pour le voir passer de nouveau. J'avais peur. Vital et inébranlable peur. Comme tout être humain normal, je me mettais donc à courir. Quelques pas et je me cognais contre quelque chose. Je reculais frénétiquement. Une femme. Une longue chevelure blonde, une peau claire. Quelque chose en moi me criait de courir, comme un signal de danger qui résonnait dans ma logique. Pourtant, une contradiction, comme si elle ne me ferait aucun mal, comme si rester là, planter devant alors qu'elle s'approchait dangereusement de moi était bien.


“ Qui êtes-vous ? ” Demandai-je, presque calmement. Reculant pour garder mes distances avec l'inconnue


Elle s'immobilisait alors que la douche de lumière coulait sur moi, menaçant également de couler sur elle si elle faisait un pas. Ce fut comme si elle hésita. Elle observa le sol où l'on pouvait remarquer la différence entre l'ombre et la lumière. La femme releva son regard et eu un sourire avec un quelque chose de pervers dedans. Elle s'avança alors de deux pas et je pus la voir. Ses yeux étaient rouges et son sourire l'était tout autant. Je courrais, sans savoir que cela l'amusait davantage. Elle me plaqua contre le sol avec force, puissant un grand cri de victoire avant d'enfoncer se crocs dans ma gorge. Je ressentais la douleur et le sang qui coulait d'avance pour cause de mon myocarde affolé et épuisé. J'allais mourir, j'étais mort. J'aurais eu comme dernière volontés que de dire à Ana que je l'aimais, l'embrasser et dire à ma famille à quel point ils sont merveilleux. Je ne pouvais pas. J'allais mourir ici, vidé de mon sang par cette folle qui n'était certainement pas humaine. Elle ne prenait pas qu'une gorgée, elle me vidait.

« Où vas-tu Anna? » Mon regard se posa sur celui de mon frère, doucement tandis qu’un doux sourire apparut tranquillement sur mon visage. J’adorais Ulrich, tu plus profond de mon être et cela depuis toujours. Le lien qui nous unissait était ce genre que personne ne pouvait comprendre, un lien entre jumeaux qu’on avait bâtit lorsqu’on avait poussé ensemble dans le ventre de notre mère. Il m’avait toujours protégé, contre mes satanés frères qui n’avaient si peu de considération envers moi. Il était celui qui rendait mes journées plus belles, celui qui me faisait accrocher à cette vie dure. Sauf que j’avais vieillit, les années où il devait me couver étaient loin derrières nous et il ne semblait pas s’en rendre compte. Je savais qu’il faisait cela car il m’aimait, mais je devais apprendre par moi-même. Je savais me défendre seul et même si mes frères ne me lâchaient pas, je rêvais du jour où Ulrich me laisserait aller, pour vaquer aux occupations typique des nephilims. Il savait que j’allais chasser avec Lennon, ou même Dekka sauf qu’il n’était pas prêt à me laisser faire les choses par moi-même. Comme si j’étais toujours l’empotée qui faisait tout foirée lorsque j’avais quinze ans. Je n’avais plus besoin d’eux, je savais que je n’étais pas très futée sauf que j’étais forte et ma persévérance faisait de moi une chasseuse hors pair. Je devais donc lui mentir, car sinon il ne me laisserait pas m’en aller et dieu savait comment j’avais besoin de me dégourdir les jambes après les événements de cette semaine. Je croisai son regard un instant puis détournai les yeux, pensant à des centaines de choses à la fois sans vraiment m’arrêter sur l’une d’entre elle.

- Je vais chez Emma, on se fait une soirée entre filles. Tu sais, le style avec les tresses et pyjama.

Je savais que je le convaincrais en parlant de trucs de filles, ce n’était pas la tasse de thé des hommes Starkhowsen. Il me laissa donc aller, un point d’interrogation sur son visage alors qu’un sourire triomphant s’affichait sur le mien. J’avais revêtu un ensemble complètement noir pour l’occasion, des jeans serrés et une blouse à manche longues qui me permettrait de mieux me camoufler si j’avais à le faire. Mon couteau gisait tranquillement sur mon mollet droit, dument attaché par une sangle de cuir qui permettait d’avoir l’air d’une personne normalement tout en étant protégée. Je sortis de la demeure sans attendre une seconde de plus, pour ne pas prendre la chance de me voir faire arrêter par ce satané Velkan. Alors que je mis en marche, mon cerveau commença à surchauffer alors que je repensais à quelques événements de la semaine. D’abord, cet humain poète qui avait retenu mes pensées, je le trouvais plutôt mignon et je devais avouer que j’étais flattée de recevoir de telles attentions. Les hommes n’étaient plus un mystère pour moi, du moins pour mes frère car lorsqu’il s’agissait de sexe ou d’amour, j’étais on ne peut plus perdu. Ensuite, je pensai doucement à notre soirée qui était partie en couille avec Emma et Dekka, alors que cette dernière se rendait compte qu’elle était probablement enceinte. De l’un de mes frères en plus, alors j’étais on ne peut plus contrariée et je savais qu’une sortie de chasse me changerais les idées.

Je me rendis jusqu’au Lafayette Square, un endroit que je savais infester de vampires jeunots qui n’attendait qu’un humain insouciant passe dans le coin. Je grimpai rapidement dans un grand arbre, pour me cacher et pouvoir observer plus loin que si je restais à terre. Je vis doucement un homme marché seul, puis il semblait qu’il n’était plus vraiment heureux de se retrouver dans un endroit pareil. Un sourire illumina mon visage lorsqu’une blonde apparut de nulle part devant l’homme. Je descendis de l’arbre en un saut et couru près d’eux et le cri de l’homme me laissa pousser un frisson. Je ne laisserais pas un homme mourir dans les mains de ce genre de monstre. Trop occupée à sucer son sang, je me posai à une distance convenable et alla chercher mon arme blanche que je tins fermement. C’étai tellement une habitude, tellement facile que je n’eut pas à penser, je lancer fort le couteau et il alla se planter directement dans le cœur de la vampire. Elle partit en fumée, et l’homme alla tomber durement contre le sol. Normalement, j’aurais dût le panser rapidement et m’enfuir, il croirait qu’il avait rêvé, un truc du genre. Sauf que lorsque je me penchai pour rencontrer son visage, mon cœur fit un bon. Ma main exerça une pression sur la plaie de l’homme, et je commençais à avoir peur. Et merde, je ne me rappelais même pas de son nom en plus!

- Hey oh! Il faut revenir à toi, t'es vraiment dans un sale état!

Douleur affreuse. Cette brulure qui déchirait mon être et semblait m'anéantir lentement. La douleur est mentale, mais pourtant cette plaie dans mon cou n'avait rien de fictive. Il n'y avait pas d'autres choix que la mort, même lorsque le monstre était tombé ou s'était enfuie. Je n'avais plus trop le sens de l'observation dans l'état où j'étais. Je ne remarquais même pas que la coupable gisait morte à mes côtés. La douleur était comme l'amour, ils rendaient tous deux fous et aveugles leurs victimes. Je ne pensais alors pas à l'absurdité des évènements d'un fait qu'une bête fantastique m'ait mordu, j'allais mourir et j'en étais certain. J'étais dans les vapes, je me voyais flotter, léger comme l'air, regardant ma famille heureuse, joyeuse, sans moi. Je voyais mon père qui me souriait tendrement, me tendant la main. J'allais saisir cette main et partir avec lui veiller sur les nôtres et lire des bouquins pour le reste de l'éternité au paradis. Pourtant, ce fut le touché froid d'un ange qui me ramena sur terre. Un froid nécessaire sur ma blessure cuisante. J'ouvrais mes yeux encore brumeux. Je voyais son visage et je ne pouvais m'empêcher de sourire comme un idiot. Peu importe où j'étais ou la situation présente, elle était là et c'était la seule chose qui importait pour moi.


“ Hey oh! Il faut revenir à toi, t'es vraiment dans un sale état! ”


Sa voix résonnant me donna de la vigueur, un espoir de survie. Je tentais de la voir mieux, de m'approcher d'elle pour voir ses yeux plus que clairement. Je tentais de me relever alors que la douleur parcourrait de nouveau ma nuque. Je perdais tout espoir d'une fougue nouvelle qui me collerait à elle pour que mon coeur réapprenne à battre au même rythme que le sien. Pourtant, je souriais, glissant doucement ma main sur la sienne tout en regardant sa silhouette nébuleuse.


" Je suis mort et je suis au paradis, c'est ça ? "


Elle était si belle, elle me rendait fou. Je pouvais sentir son odeur doucement tomber sur moi comme ses cheveux qui caressaient parfois ma peau lorsqu'elle se penchait un peu trop. Les derniers moments étaient effacés de ma mémoire. Tel que prisonnier entre le rêve et la réalité, la vie et la mort. Je tenais toujours sa main, cajolant tendrement sa paume de soie avec mon pouce. Par ce contact, j'étais en vie et je me battrais pour y rester peu importe ce que j'aurais à faire. Je recommençais doucement à prendre conscience et à voir plus clair. Des lambeaux d'histoire me revenait. Une femme blonde, dangereuse et belle à la fois. Un mélange de peur et d'affection. Je plongeais doucement mes yeux dans les azures de la jeune femme. Je cherchais des réponses à mes innombrables questions. Avait-elle vu la scène ? Qu'est-ce qui s'était passé ? Dans quel état étais-je ? Pourquoi quelqu'un m'avais-il fait quelque chose ? Où était cette personne ? Avais-je été sauvé ? Qui m'avait sauvé ? Était-ce elle ? Pourquoi m'avait-elle sauvé ? Tenait-elle à moi autant que je tenais à elle ?


" Qu'est-ce qui s'est passé Ana ? "


J'attendais une réponse tout en la fixant du sol. Je me sentais retrouver doucement mes forces, sans doutes rien que par orgueil. Ses doigts tentaient de panser ma blessure, je ne savais même pas si le sang c'était arrêté de couler. Peut-être que ma blessure n'était pas si profonde, simplement douloureuse. J'appuyais une de mes mains au sol et arrivait à m'asseoir doucement. Ma vision était redevenue claire et malgré la douleur et la confusion, j'étais heureux.

Cet homme, jamais je ne croyais le rencontrer dans un pareil état. Je sais très bien qu’il m’avait dit son nom, peut-être même deux fois. Maintenant que j’y pensais, j’arrivais à me fixer sur l’un de ses poèmes qu’il m’avait écrit, il l’avait signé… Thomas… Non, Thimothy, ouais c’est ça! Ouf, au moins je me rappelais de son nom! Une chance que j’étais arrivée dans la seconde, car la vampire avait été près de vider tout son sang. Je ne sais pas pourquoi je paniquais autant, normalement je gardais mon calme lors de ce genre de situation; je bandais la personne puis je m’en allais, parce que les Nephilims ne dévoilaient pas leur secret. Sauf que cet homme, celui qui était en train de mourir tournait autour de ma vie depuis quelques temps et je ne pouvais pas l’oublier. Il m’intriguait et me flattait à la fois, car jamais un homme avait autant essayé de me séduire, en me courtisant avec des poèmes et de belles paroles. Écoutez, des paroles de ce genre pour une fille qui a été élevée avec des hommes, ça pouvait être plutôt surprenant. Au lieu de lui rire en pleine, j’avais pensé à Dekka ou Emma et agit comme une vrai fille, une fille qui serait flattée de recevoir autant d’attention. Au départ, je pensais à me contenir, mais désormais je me rendais compte que j’aimais beaucoup plus qu’il me tourne autour que je ne l’aurais jamais crût. Ma main restait fermement sur sa plaie, tandis que j’essayais d’atteindre la poche de mon jean pour agripper mon cellulaire. Puis, il sourit, et je me rendis compte qu’il avait l’air beaucoup trop heureux pour un homme qui allait bientôt mourir. Je sentis une main tiède se poser sur la mienne, et je fixai nos deux mains qui se touchaient, sans trop comprendre.

- Je suis mort et je suis au paradis, c'est ça ?

Mon corps avait beau tremblé, je me mis à rire nerveusement, en entendant de telles paroles. Certes, il divaguait dût à la quantité de sang qu’il perdait, mais me prendre pour un ange? Ouh là, il devait être vraiment atteint car peu de personnes m’auraient comparé à ça. Je décidai sans plus attendre d’enlever ma chemise pour la passer sous sa tête. J’enlevai ma main l’instant de nouer ma chemise autour de sa plaie, satisfaite je remis ma main à l’endroit où l’un des monstres avaient presque tué cet ami. Je portais une simple camisole noire, et je m’en fichais car il irait mieux, je savais d’expérience qu’il s’en sortirait et j’étais tellement soulagée que c’était envoutant.

- Non, Timothy, t’es vraiment vivant, t’inquiètes!

Je me surpris à caresser sa joue gauche, tout en observant mon nouveau protégé. J’étais toujours du genre maternelle, avec presque tous les gens que je rencontrais alors il ne faisait pas exception. J’avais beau ne pas posséder un grand QI, j’avais cependant un cœur gros comme la terre qui ne voulait que protéger ceux que j’aimais. Hum, je ne pouvais pas dire que j’aimais cet homme, non bien entendu. Je n’avais jamais réellement aimé autre que Ulrich, car mes autres frères étaient bien trop idiots pour que je puisse ressentir quoi que ce soit pour eux. L’amour, c’était plutôt quelque chose d’inconnu pour moi, sauf que je savais qu’un jour je saurais ce que ça pouvait faire vivre.

- Qu'est-ce qui s'est passé Ana ?

Je me mordis la lèvre inférieur, tandis qu’il s’asseya doucement. Je ne pouvais pas… Pas lui révéler l’existence des Nephilims sans avoir des conséquences. Sauf que… Tout le monde savait que j’étais une cruche… Je pourrais mettre ça sur la faute d’une erreur… Soulagée, quelqu’un connaitrait enfin mon secret que je révélerais de la bouche… Sauf que je ne savais pas si c’était vraiment le bon moment de m’épancher là-dessus.

- Quelqu’un t’as attaqué… Une folle furieuse je crois, enfin, je t’ai sauvé maintenant! Elle tenta un faible sourire, pour essayer d’être un peu plus cohérente. S’il lui posait plus de questions, elle savait qu’elle finirait par lâcher le tout. Il avait un tel effet sur lui, quelque chose de nouveau qu’elle n’arrivait pas réellement à expliquer…