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Nous avons grandement besoin de vampires de sang-froid et de vampires ancestraux (ces derniers issus des postes vacants) !

Il est désormais interdit de faire un vampire ancestral non issu des postes vacants,
car ça n'est pas réaliste, il y a bien plus de vampires de sang-froid que de vampires ancestraux !
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Tesco.

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Zéphirin Tovaritch
Zéphirin Tovaritch
He's a scary nephilim sent by God. Run away to stay alive.


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Tesco. Vide
MessageSujet: Tesco. Tesco. EmptyJeu 8 Juil - 20:02

Retour en arrière : mois de juin.

Ce n'est pas que Zéphirin est un véritable accro au magasin Tesco, bien qu'il y aille toutes les semaines. Ce n'est pas qu'il a pris cette habitude d'y faire ses courses parce que cette supérette lui plaisait bien. Mais deux raisons le poussent à y retourner inlassablement, en dehors des prix bas : tout d'abord, depuis son séjour au Royaume-Uni, c'est une sorte de tradition. Il y a en effet rencontré une bande de lycéens complètement tordus, dont la plus grande occupation en Écosse avait été de rechercher un magasin Tesco (c'est impossible ? dîtes-le moi en face, et face à mes amis, vous verrez ce que nous vous répondrons). L'idée lui avait plu, il s'y était rendu et avait apprécié. Tesco n'est rien d'autre qu'une grande enseigne anglophone de discount, mais c'est LE Tesco. Cela change tout. La deuxième raison, c'est qu'y travaille une caissière, non pas très jolie, parce qu'elle a le visage laid, mais dont l'aura charme le nephilim.
C'est pourquoi ce matin-là, Zéphirin s'y rend. La rue Poydras - quel drôle de nom quand même, ils en ont de bonnes ces Américains - n'est pas trop proche du Gabriel Mandeville Institute, mais il y va à pied. C'est preuve de sa fidélité à Tesco : il aurait pu se rendre au fameux Supermarché du Coin qui attirait de nombreux clients et qui se situe à quelques pas de chez lui, mais il préfère faire une petite promenade en admirant le coucher de soleil à travers les buildings typiquement américains. Certes, au Luxembourg, il en voyait aussi, mais rien n'avait de telles dimensions. A la Nouvelle Orléans, tout est tellement grand, tellement important que cela en devient étouffant. Dans les jours qui suivent, Zéphirin prévoit d'aller passer son week-end à la campagne, à supposer que son employeur accepte toujours de lui laisser son samedi libre.
Il arrive devant la porte du plus merveilleux des discounts et y pénétra, un léger et rare sourire aux lèvres.

Il connait les rayons du Tesco par cœur. On rentre dans la zone des promotions exceptionnelles, ce que l'on veut absolument vendre au client. Il regarde à peine, sachant qu'il s'agit souvent d'offres telles que "Trois pour le prix de deux !" et qu'en vivant seul, il ne consomme pas assez vite pour qu'elles soient avantageuses. Il continue dans les rayons alimentaires, faisant son choix parmi ses produits préférés. Le temps est fini où les domestiques, faisant les courses à sa place, satisfaisaient ses moindres caprices. Ici, en Louisiane, il n'est plus riche, presque au seuil de la pauvreté, et il fait attention à son budget (bien que tout le monde s'en fiche, pas vrai ?).
Je ne vais pas développer tout ce qu'il fait, car c'est évident : ses courses.

A un moment, il décide de se rendre dans le rayon des vêtements.
Vous savez ce que c'est, n'est-ce pas, qu'un habit de grande surface : pas toujours à la mode, pas forcément de bonne qualité, et ceux qui les achètent le font souvent parce qu'ils n'ont pas d'autres choix. Zéphirin n'est pas comme ça : pour lui, ce sont des vêtements comme les autres. Donc, on peut très bien les acheter sans en éprouver aucune honte.
Le rayon du Tesco, étant un simple hard-discount, n'est franchement pas très grand, mais la partie réservée aux hommes est, elle, tout bonnement minuscule. En fait, il s'agit d'une moitié d'allée étroite, partagée avec les vêtements pour enfants, et qui est toujours très bien rangée parce que presque personne n'ose s'y aventurer. Le nephilim, lui, n'a pas peur de notions aussi abstraites que la mauvaise réputation ou le regard de travers des clients standards, aussi n'hésite-t-il pas à s'y aventurer. Là, il y trouve vraiment quelque chose à son goût : des vêtements simples, usuels, tout aussi aptes à la chasse aux vampires qu'à la rédaction poétique. De simples T-shirts sans motifs, juste de la couleur, et encore, parmi les plus communes ; des jeans sans fioritures et des pantalons basiques qui ont plus été étudiés pour être peu coûteux que pour être beaux ; des chemises à carreaux dans la tradition purement bûcheronne, qui pour l'instant passent pour être absolument à la mode mais qui jusque là n'attiraient que des no-looks en quête d'originalité ; des shorts à fleurs, des corsaires étroits, des marcels rayés ou des gilets à boutons, bref, ce que l'on fait de plus classique en matière d'habillage. Zéphrin ne se vêt pas qu'au Tesco, mais il avoue que pour trouver ses fameux T-shirts délavés et informes, il n'y a pas meilleur que le discount.
Lorsqu'il sort du rayon, poussant son petit caddie aux couleurs du magasin qu'a rejoint un bermuda en jean, il manque de rentrer dans un autre jeune homme qui se dirige vers les surgelés, soit tout au fond du magasin. Le panier du client claque contre le caddie dans un bruit sec, et le nephilim regarde l'homme. Son visage lui est familier.
En réfléchissant pendant un quart de seconde, il trouve tout de suite la réponse à son interrogation.
« Victorien ! »
C'est bien lui, pourtant, il ne rêve pas. Son cousin adoptif, fils de son parrain, se tient droit devant lui. C'est tellement étrange pourtant. Il n'a jamais eu beaucoup de contact avec lui, à peine lors des grandes fêtes de familles s'adressaient-ils la parole. Aussi a-t-il un peu de mal à croire que le client puisse bien être Victorien Tovaritch. Pourtant, il reconnaît les cicatrices de son visage - il en a même plus qu'avant.
« Ça alors, mon vieux ! » : s'exclame-t-il en luxembourgeois. Qu'il est bon de pouvoir converser avec quelqu'un dans sa langue maternelle, dans un pays où on est obligé de passer son temps à parler en anglais ! « Qu'est-ce que tu fais là ? Je ne savais pas que tu avais l'intention de venir aux États-Unis ! Tu aurais dû me prévenir, je... j'aurais cherché à t'accueillir ! »
Je rappelle, pour nos lecteurs potentiels, que même s'il n'a jamais beaucoup parlé avec Victorien, il a un sens de la famille un peu particulier : il semble haïr la sienne, en réalité, il l'adore.
« Je te croyais encore au Luxembourg. » : conclut-il en laissant son cousin en placer une.

RP avec Victorien.
(Néanmoins, Adhàmis, si tu ne peux résister au charme du Tesco... tu peux passer dans notre magasin préféré sans problèmes).
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Victorien Tovaritch
Victorien Tovaritch
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Tesco. Vide
MessageSujet: Re: Tesco. Tesco. EmptyJeu 15 Juil - 12:38

Victorien se tenait debout dans les rayons des céréales du Tesco, deux paquets dans les mains. Il était face à un dilemme cornélien : quel paquet allait-il acheter ? Lorsqu'il était au Luxembourg, il ne s'était jamais posé cette question : grâce à l'argent de sa famille, il aurait pu se payer les deux. Mais désormais, il était aux États-Unis, il devait subvenir seul à ses besoins, mais le salaire reçu de son photographe ne suffisait pas à combler toutes ses dépenses. Il avait donc dû prendre des mesures drastiques pour économiser, dont l'une d'elles étaient particulièrement pénible à suivre : se limiter à un seul paquet de céréales par semaine.
Il regarda le paquet de gauche ; c'était le plus coloré des deux. L'écriture rouge sur le fond orange se lisait très bien, attirant l'œil comme un spot lumineux. En dessous de la marque et du nom des céréales se trouvait la photographie d'un enfant mangeant ces mêmes céréales avec délice, presque avec extase. Il promettait au consommateur les meilleures céréales au monde par son simple sourire forcé. À côté, en écriture blanche sur un fond coloré vert, bleu, ou encore jaune, les raisons de manger ces céréales étaient mises en avant. Elles contenaient beaucoup de vitamines, du fer, du calcium, du magnésium... et tellement d'autres éléments qu'une bonne partie avait dû être rajoutés durant la fabrication. Il regarda le paquet de droite ; c'était le plus simple des deux. Les couleurs étaient plus pâles : l'écriture était blanche sur un fond toujours vert clair. C'était très reposant pour les yeux. Cette idée de repos était accompagnée de celle du rêve. Là où se tenait l'enfant sur l'autre paquet, une fontaine débordant de chocolat occupait le centre du paquet de droite. Le chocolat était expulsé avec délicatesse, formant des arabesques sublimes, avant que quelques gouttes retombent sur les céréales en bas. Certaines étaient déjà recouvertes de chocolat et paraissaient extrêmement appétissantes. Quel paquet prendre ? Le paquet de gauche avait l'avantage d'être très riche en oligoéléments et macro éléments, mais celui de droite annonçait une fabrication plus artisanale et plus naturelle. Celui de gauche annonçait un plaisir infini au consommateur de ces délicieuses céréales, cependant, rien ne le garantissait dans l'autre paquet. Le choix était difficile. Devait-il faire confiance à l'enfant humain, censé être si innocent, ou à une fontaine en chocolat qui n'existait même pas ? Il ne le savait. Après tout, pouvait-on seulement faire confiance à un humain ? La réponse était évidente : non, puisque qu'une bonne partie d'entre eux étaient les garde-mangers des vampires. Victorien reposa le paquet de gauche, regarda amoureusement le paquet de droite, son élu, avant de le poser délicatement dans son panier Tesco.
Il regarda son panier. Il avait tout ce dont il avait besoin : une paire de chaussettes moitié prix, quelques fruits et légumes, une pommade pour les piqûres de moustiques, un paquet de chips Vico, du gel douche... et son paquet de céréales. Il ne lui manquait qu'une seule chose : remplir son congélateur avec quelques surgelés du Tesco. Il sortit du rayon, son petit panier balançant joyeusement à ses côtés (forcément, il y avait des céréales dedans). Il regarda le bout du magasin : là, on y trouvait les bacs des surgelés. Ils étaient remplis de plats préparés, de légumes congelés, de paquets de frites... et de glaces. Ç'aurait été parfait de pouvoir manger des glaces, avec la chaleur qui régnait en Louisiane ; il n'était pas habitué à tant au Luxembourg alors qu'on était seulement au mois de juin. Néanmoins, si Victorien se privait si durement de céréales, ce n'était pas pour gaspiller son argent en glaces. Résigné, il avança quand même dans les rayons.
Victorien n'avait pas l'habitude de regarder autour de lui pour éviter la population : la population s'écartait toute seule. Avec ses habits noirs étranges et sa veste courte trouée et maculée de sang, il avait de quoi effrayer les plus courageux des humains. C'était sans compter sur son regard. Victorien était fou, et cela se voyait parfaitement. S'il était encore en liberté, se disaient les gens, c'est sans doute parce que personne n'a eu le courage de l'approcher. Et ils se détournaient à toute vitesse, craignant de déranger un gentil petit Néphilim bien tranquille mais fou faisant ses courses. C'est pourquoi il ne prit pas la peine de regarder autour de lui.
Mais ce jour-là, tout ne se passa pas comme prévu. Une personne ne se détourna pas de son chemin. Ce n'était pas par stupidité ou par provocation. Cette personne était simplement comme lui, un gentil petit Néphilim effrayant, mais pas fou. Il avait aussi l'habitude de faire tranquillement ses courses, sans s'occuper des autres clients qui viendraient se mettre en travers de son chemin. Zéphirin Tovaritch, qui poussait son caddie, manqua de percuter son cousin Victorien. Celui-ci ressentit une petite secousse traverser son panier ; son premier réflexe fut de baisser les yeux pour vérifier que son paquet de céréales était intact, son deuxième fut de dire « Aïe. » avec froideur, sans la moindre conviction, le troisième fut de lever les yeux vers l'imprudent qui avait failli abîmer son précieux paquet de céréales.
S'il avait été en colère, ou s'il avait voulu se venger, Victorien oublia tout en voyant le visage de son cousin. Il l'aurait reconnu entre milles, tant Zéphirin était incomparable : il avait la même allure dangereuse que lui, mais avec un air fou en moins. Ayant tout deux une ascendance angélique, on leur reconnaissait volontiers un lien de parenté qui était en réalité très indirect. Victorien sourit, ravit de le revoir. Il se sentait moins seul et trouvait très agréable d'avoir de la compagnie avant une chasse aux vampires. Zéphirin était étonné, et l'interrogea sur les raisons de sa présence. Quand il en eut l'occasion, il lui répondit :
« Je te croyais aussi au Luxembourg, tu sais ? Personne ne m'avait dit que tu étais parti. Cela étant, cela fait tellement d'années que je me consacre à la chasse aux tu-sais-quoi que je n'ai pas pris la peine de demander à mes parents des nouvelles de ma famille... Mais je vais te raconter cela. Mon histoire n'est pas très passionnante, mais c'est la mienne. Pendant des années, je les ai traqués impitoyablement. J'en ai tant tué que j'ai fait un grand bien au Luxembourg. Mais les autres Néphilims n'étaient pas d'accord. Ils pensaient que c'était trop, que je risquais de déclencher une guerre civile, et bla bla bla pendant des heures, jusqu'à ce qu'ils m'annoncent que je devais partir, sans quoi ils me livreraient aux vampires... Forcément, j'ai dû accepter. Je pensais m'envoler pour la Croatie, parce qu'il y a beaucoup de vampires là-bas et peu de Néphilims. Mais je me suis retrouvé à New York. J'ai trouvé ça très bien, parce que du coup, les assassins qui me suivaient, des vampires, sans doute, sont allés en Croatie et moi, je suis loin ailleurs. Ils ne vont pas pouvoir me retrouver ! »
Victorien adressa à son cousin un énorme sourire. La folie dans ses yeux avait complètement disparue, et il avait même une étrange lueur de bonté dans son regard. À cet instant, il avait l'air si inoffensif qu'une dame qui désirait se rendre au rayon vêtement pour profiter des chaussettes à moitié prix osa demander gentiment aux deux hommes de s'écarter pour qu'elle puisse passer. Victorien se décala, peu intéressé par l'humaine, mais celle-ci lui adressa un sourire radieux et le remercier avec chaleur. Elle passa, et se dirigea vers le bac à chaussettes où elle passa du temps à remuer le chaudron de produits pour trouver de belles et énormes chaussettes toutes roses à sa taille. Puis elle partit un peu plus loin s'acheter une salade.
Quand elle fut partie, Victorien continua son récit :
« À partir de ce moment, j'ai vécu à New York. J'ai trouvé un travail chez un photographe humain, qui a consenti à m'héberger. Il était extrêmement gentil avec moi, et je fis preuve de la même gentillesse avec lui. Quand j'eus assez d'argent, je louai un minuscule studio, très petit, la taille de la cuisine de ma demeure au Luxembourg. Mon ami photographe n'était pas très doué d'après l'opinion publique, moi, je le trouvais très talentueux. Mais il finit par plier boutique, parce qu'il n'avait plus assez d'argent pour nous entretenir tous les deux. Il s'excusa beaucoup, puis il partit en Alaska : il pensait que là-bas, il y aurait moins de photographes et plus de belles choses à photographier qu'à New York. Il avait sans doute raison. J'ai répondu à une annonce d'un photographe ici, c'est pourquoi je suis venu. »
Il s'arrêta, plongé dans ses souvenir. Puis il se rappela qu'il avait oublié une question essentielle :
« Et toi, Zéph' ? Que fais-tu ici ? »
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Zéphirin Tovaritch
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MessageSujet: Re: Tesco. Tesco. EmptyVen 16 Juil - 14:23

« Je te croyais aussi au Luxembourg, tu sais ? rétorque Victorien de son habituel ton empreint d'une folie légère. Personne ne m'avait dit que tu étais parti. Cela étant, cela fait tellement d'années que je me consacre à la chasse aux tu-sais-quoi que je n'ai pas pris la peine de demander à mes parents des nouvelles de ma famille... Mais je vais te raconter cela. Mon histoire n'est pas très passionnante, mais c'est la mienne. Pendant des années, je les ai traqués impitoyablement. J'en ai tant tué que j'ai fait un grand bien au Luxembourg. Mais les autres Néphilims n'étaient pas d'accord. Ils pensaient que c'était trop, que je risquais de déclencher une guerre civile, et bla bla bla pendant des heures, jusqu'à ce qu'ils m'annoncent que je devais partir, sans quoi ils me livreraient aux vampires... Forcément, j'ai dû accepter. Je pensais m'envoler pour la Croatie, parce qu'il y a beaucoup de vampires là-bas et peu de Néphilims. Mais je me suis retrouvé à New York. J'ai trouvé ça très bien, parce que du coup, les assassins qui me suivaient, des vampires, sans doute, sont allés en Croatie et moi, je suis loin ailleurs. Ils ne vont pas pouvoir me retrouver ! »
Il est interrompu par une dame qui leur demande de se pousser. Victorien s'efface sans un mot tandis que Zéphirin marmonne quelque chose d'inaudible en se tassant contre le rayon. La femme sourit, pénétra dans le rayon des vêtements et disparait du champ de vision de Zéphirin. Ce dernier fait signe à son cousin de continuer son récit, mais celui-ci ne semble pas le remarquer. Quand la dame repasse, plusieurs paires de chaussettes d'un rose vif très laid - selon le nephilim - à la main et continue vers les fruits et légumes, Victorien reprend :
« À partir de ce moment, j'ai vécu à New York. J'ai trouvé un travail chez un photographe humain, qui a consenti à m'héberger. Il était extrêmement gentil avec moi, et je fis preuve de la même gentillesse avec lui. Quand j'eus assez d'argent, je louai un minuscule studio, très petit, la taille de la cuisine de ma demeure au Luxembourg. Mon ami photographe n'était pas très doué d'après l'opinion publique, moi, je le trouvais très talentueux. Mais il finit par plier boutique, parce qu'il n'avait plus assez d'argent pour nous entretenir tous les deux. Il s'excusa beaucoup, puis il partit en Alaska : il pensait que là-bas, il y aurait moins de photographes et plus de belles choses à photographier qu'à New York. Il avait sans doute raison. J'ai répondu à une annonce d'un photographe ici, c'est pourquoi je suis venu. »
Victorien fait une petite pose, réfléchissant. Puis il semble trouver ce qu'il voulait dire et demande :
« Et toi, Zéph' ? Que fais-tu ici ?
- Oh, moi ? répond Zéphirin, surpris. Hé bien, je... »
A son tour de réfléchir. Son odyssée à lui n'était pas aussi extraordinaire que celle de son cousin. Pas d'erreurs stupides qui le fait rater son avion pour la Croatie. Pas de photographe qui lui permet de subsister. Et surtout, il ne sait même pas pourquoi il a choisi de venir en Louisiane.
« Je... » : commence-t-il, puis il baisse la voix pour continuer : « Je me suis fait expulser du Royaume-Uni. »
En soit, cela ne le dérange pas outre mesure, mais il sait que de hurler cela à voix haute, dans un magasin Tesco, n'est pas la plus intelligente des choses à faire, même lorsqu'on parle dans une langue étrangère. On ne se fait pas expulser d'un pays sans raison. Cela dit, qui comprend le luxembourgeois dans ce magasin, à part eux deux ? Les Américains apprennent très rarement cette langue qui est surtout utilisée au Luxembourg. Mais ce serait bête qu'il y ait une exception ce jour-là, à ce moment précis, dans cette supérette-là.
« A cause des vamps, ça m'a causé des ennuis et j'ai été contraint de partir, explique-t-il. Je ne savais pas vraiment où aller en Europe, et comme je n'ai pas le droit de retourner au Luxembourg - je crois que tu l'ignores, mais les néphilims m'ont expulsé à vie - j'ai choisi de tenter ma chance en Amérique. »
Évidemment, c'est une version édulcorée de toute l'histoire. Après de nombreuses errances et de nombreuses expulsions, il avait été carrément contraint de quitter l'Europe, car personne ne voulait de lui. Non qu'il soit un excellent tueur de vampires, mais ses méthodes sont plutôt gênantes... disons-le, il pratique la torture à un degré assez avancé. Cela ne lui fait ni chaud ni froid, et cela ne lui plait pas plus que cela ; simplement, étant très solitaire, une réputation de barbare l'a toujours protégé des vampires susceptibles de venir le massacrer dans son sommeil.
« Donc je suis venu en Louisiane. »
Voilà, c'est tout. C'est un résumé très court, mais de toute manière, il n'y a rien à dire. Zéphirin évite les détails les plus sordides, comme le nombre incalculable de vampires européens qui auraient préféré le savoir mort - alors qu'il n'avait pas fait tant de victimes que cela ! - ou le nombre incalculable de néphilims qui considéraient qu'il dénaturait la chasse aux vampires.
« Depuis que je suis à la Nouvelle Orléans, enchaîne-t-il, je me suis calmé et j'ai appris à garder profil bas. Personne ici ne connaît vraiment mes méthodes de travail, je travaille comme plongeur et je ne cause aucun problème. »
Aucun problème, façon de parler. En réalité, il avait déjà eu le temps de rencontrer un vampire ancestral, chose qui ne lui était jamais arrivée lorsqu'il était encore en Europe. Alors, aucun problème, ce n'était qu'une façon de parler. Un ancestral qui sait ce que vous êtes, c'est au contraire extrêmement dangereux.
« Et, euh, dis-moi... où vis-tu ? » : s'enquiert-il.
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Victorien Tovaritch
Victorien Tovaritch
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MessageSujet: Re: Tesco. Tesco. EmptyLun 23 Aoû - 22:28

Victorien écouta son cousin lui raconter son odyssée. Il fut beaucoup plus concis que lui, mais cela ne gêna nullement Victorien. Il ne comprenait que trop ce que lui racontait Zéphirin. Il avait toujours pensé que ses méthodes se retourneraient contre lui. Bien que fou, Victorien n'en était pas moins opposé à la torture : il avait pour les autres un certain respect qui lui interdisait cette bassesse même avec des personnages aussi détestables que les vampires. C'est pourquoi il n'était jamais long à les tuer ; qui plus est, cela avait pour avantage de tuer un grand nombre de vampires en très peu de temps et de laisser très peu de traces de son passage, si bien qu'il aurait été difficile pour un vampire de retrouver la trace de Victorien. Et quand bien même ils l'auraient trouvé, ils auraient vite abandonné s'ils n'était pas ancestraux. Cela, Victorien le pensa en quelques secondes. Mais qu'important les méthodes de son cousin : Zéphirin était assez grand pour faire ce qu'il voulait, du moins, tant que Victorien n'était pas obligé de l'accompagner dans ses délires.
Il ne s'étonna même pas quand son cousin lui annonça qu'il gardait profil bas. Cela paraissait logique, pour Victorien : quand on pratique la torture, on garde forcément profil bas. Mais un simple tueur de vampire non, évidemment. Il peut s'afficher autant qu'il veut... Puis Victorien s'assombrit et il rectifia mentalement : autant qu'il veut en faisant plaisir à ces rapaces de Néphilims luxembourgeois... Pff... Ils valaient à peine mieux que des vampires. Pro-vampires.
« Et, euh, dis-moi... où vis-tu ? »
Pardon ? La question était inattendue. Les rapports qu'il avait eu avec son cousin ne lui auraient jamais permis de deviner que Zéphirin s'en soucierait. Peut-être que le fait qu'il pratiquait la torture obscurcissait le tableau qu'il avait de Zéphirin. Finalement, Victorien dut reconnaître que c'était ''un type bien''. En seulement une phrase. Il était doué, le Zéphirin Tovaritch. Profitant de l'occasion qui lui était donnée, Victorien s'empressa de décrire la misère dans laquelle il vivait sans pour autant donner l'air de se plaindre ou de s'en réjouir.
« En fait, je n'ai pas réussi à trouver encore une habitation convenable. Déjà, j'ignore si le photographe que j'ai contacté ici va me prendre à son service en tant que secrétaire. (il réprima un rire. Secrétaire... On aurait dit une femme) Ou en tout cas assistant, mais je me contenterais même de videur de poubelle si ça pouvait m'aider. En tout cas, je logeais encore peu dans un petit hôtel pas loin d'ici, mais le prix était très élevé, et mon budget ne me permettais pas de le tenir. Du coup, je suis en recherche d'un logement, mais je n'en trouve nul part. Les actuels propriétaires paraissent effrayés de me voir. Est-ce que tu crois que c'est à cause de mon T-shirt ? » demanda Victorien en tirant dessus, comme pour le rendre plus large.
Mais il eut beau le scruter dans tous les sens, il ne voyait qu'un banal T-shirt noir délavé. Il y avait bien une tête de mort vert fluo en haut à gauche, mais cela ne comptait : ce n'était pas effrayant du tout. C'était mignon, le vert fluo. Enfant, sa mère lui avait offert une peluche vert fluo à l'époque où il était une fille manquée. Quand il avait très peur – ce qui, quand on est enfant, arrive très facilement et correspond à la réaction qu'il a devant une abeille, par exemple – il serrait la peluche très fort contre son cœur. Étrangement, la peluche était elle-même un peu effrayante. La première fois que Victorien l'avait vu, il avait eu très peur et avait couru se réfugier derrière le canapé. Puis il avait compris que l'aspect effrayant de la peluche ferait peur à ses peurs et donc il n'aurait plus peur de ses peurs. Très logique. Et, il convenait de le préciser, la peluche avait une tête de mort blanche cousue sur le torse. Forcément, donner une peluche pareille à un enfant n'était pas une excellente idée, mais c'était la seule que Camélia avait eue pour faire de son fils un fils. Si elle avait su que cela conduirait Victorien à porter un T-shirt avec une tête de mort vert fluo et à considérer cela comme étant quelque chose de parfaitement normal et de pas du tout effrayant, elle y aurait sans doute réfléchi à deux fois.
Pendant qu'il inspectait son T-shirt qui, pour une fois, était complètement immaculé, il n'écouta pas la réponse de Zéphirin. Quand il constata que son T-shirt était parfaitement normal, il releva la tête et remarqua alors seulement que Zéphirin avait parlé. Il l'enjoignit alors à se répéter et écouta sa remarque avec grand intérêt.
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Zéphirin Tovaritch
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Tesco. Vide
MessageSujet: Re: Tesco. Tesco. EmptyLun 30 Aoû - 11:37

Comme il s'en doutait, Victorien n'habite pas dans le Gabriel Mandeville Institute. Dommage, parce qu'il aurait adoré l'avoir comme voisin.
« En fait, explique son cousin, je n'ai pas réussi à trouver encore une habitation convenable. Déjà, j'ignore si le photographe que j'ai contacté ici va me prendre à son service en tant que secrétaire. Ou en tout cas assistant, mais je me contenterais même de videur de poubelle si ça pouvait m'aider. »
Zéphirin se surprend à espérer de tout son cœur desséché que le néphilim soit engagé par ce photographe, et qu'il n'est pas jaloux qu'il ait de plus hautes aspirations que lui alors que, nous le savons tous, il a tendance à être orgueilleux. La famille, c'est sacré ; sauf que notre héros ne se rend pas compte qu'il est capable d'aimer toute personne ayant un lien de parenté avec lui, même un cousin adopté.
« En tout cas, je logeais encore peu dans un petit hôtel pas loin d'ici, mais le prix était très élevé, et mon budget ne me permettais pas de le tenir. Du coup, je suis en recherche d'un logement, mais je n'en trouve nul part. Les actuels propriétaires paraissent effrayés de me voir. Est-ce que tu crois que c'est à cause de mon T-shirt ? »
Zéphirin observe le vêtement et sourit durement. Non, il ne va pas rire, mais il est vrai que Victorien sera toujours capable de le surprendre. Il semble si innocent, si fragile, son cousin aurait presque du mal à croire qu'il puisse chasser des vampires. Mais il sait aussi que sa folie est un bon bouclier : il ne peut pas perdre la tête face aux horreurs de la chasse, vu qu'il ne l'a déjà plus. Lui a choisi une autre méthode : s'enfermer radicalement au fond de lui-même. A tel point qu'il a perdu une partie de ce qui le rendait humain.
« Ton T-shirt est peut-être trop décontracté, fait-il remarquer, peut-être que tu passes pour un voyou. » Mais Victorien n'ayant pas écouté, il doit répéter sa remarque. Apparemment, cela enchante le néphilim.
« Mais ce n'est pas tout. » : précise Zéphirin.
Il fait signe à son cousin de continuer, parce qu'ils bouchent le passage, et lui propose de continuer leurs courses ensemble. Au passage, il s'empare d'un lot de chaussettes - ce serait bien dommage de s'en priver, à ce prix-là, c'est quasiment donné ! - et le fourre dans son petit caddie Tesco. Ils entrent dans les rayons biscuits où, pendant que Zéphirin se demande quel paquet choisir entre des petits beurres nature et des réductions au faux chocolat suisse. Normalement, il prend le moins cher, sauf que les deux produits se valent. Voilà notre néphilim confronté à un effrayant dilemme.
« Tu sais, Victorien, poursuit-il, les propriétaires pensent sans doute que tu n'es pas quelqu'un de fréquentable. C'est comme ça partout : les humains sont paranoïaques. »
Encore heureux, ajoute-t-il mentalement. Ils vivent dans un monde dangereux, et ne savent pas les dangers qui les guettent à chaque coin de rue. Même en pleine journée, ils pouvaient se faire attaquer par un ancestral ! Tu parles d'une vie ; leur paranoïa est leur seule défense, parce qu'elle les rend prudents face à des périls qu'ils ignorent.
« Ils remarquent que tu n'es pas normal, déclare le Luxembourgeois. Pas uniquement parce que tu es fou ; mais nous savons très bien que nous ne sommes pas entièrement humains. »
Vous avais-je précisé que lorsqu'il parle, Zéphirin est souvent très direct ? Face à son cousin, évidemment, qui est de la famille, il ne mentira jamais. C'est toujours très sympathique quand on vous traite de malade mental, mais lui affirme qu'il vaut mieux savoir ce que les autres pensent de vous.
Il finit par mettre les deux paquets dans son caddie. Vraiment, pourquoi se casser la tête sur de telles futilités ? Cela lui fait perdre son temps.
« Je peux te proposer d'habiter avec moi, suggère-t-il. Après tout, tu es mon cousin. Je... »
Il s'interrompt. Pas question de montrer l'autre facette de lui-même, la sensible, celle qui aime plus que tout sa famille et qui regrette plus que tout de ne plus pouvoir aller la voir. Oui, ils lui manquent tous, Lili, les jumeaux, son parrain, et même ses parents, avec leur goût ridicule pour les prénoms comme Zéphirin ou Symphorien. Revoir Victorien, cela lui fait plaisir. Alors il le prend dans ses bras, s'abandonnant pour la première fois à ses sentiments. Puis il en a peur, il se rend compte que cela pourrait jouer en sa défaveur, qu'on pourrait s'en servir contre lui, et il s'enferme de nouveau dans sa carapace de monstre. Mais sa proposition tient encore.
« Tu connais l'Enclave, non ? » : s'enquiert-il, et il commence à lui expliquer brièvement son rôle. « Il y a un hôtel pour néphilims, là-bas. Les prix sont tout à fait abordables et... » Il fourre dans son caddie un troisième paquet, des pseudo-madeleines. « ... n'importe quel néphilim résidant à la Nouvelle-Orléans peut y résider. Mon studio est suffisamment grand pour deux, et on ne sera pas de trop pour payer le loyer. »
Il continue ses explorations dans le rayon mais, finalement, décide de s'en tenir à ce qu'il a déjà pris. Tesco étant une firme anglophone, elle propose une variété de produits étranges aux yeux d'un luxembourgeois, et qui, il faut l'avouer, n'est pas toujours très tentant. Il préfère donc s'en remettre aux valeurs sûres et ne pas tenter trop de nouveaux produits. D'un geste, il déconseille à Victorien de prendre un paquet de biscuits étranges - il ne sait pas ce que c'est exactement, mais en tout cas, c'était très mauvais et ça cassait les dents - avant de reprendre :
« Chambre 412. Si tu veux, quand j'aurais fini les courses, je te montre où c'est. Si tu veux habiter dans une autre pièce, ou tenter ta chance dans les hôtels humains, libre à toi. Mais viens au moins voir. »


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Victorien Tovaritch
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MessageSujet: Re: Tesco. Tesco. EmptyMar 31 Aoû - 12:43

« Tu sais, Victorien, les propriétaires pensent sans doute que tu n'es pas quelqu'un de fréquentable. C'est comme ça partout : les humains sont paranoïaques. Ils remarquent que tu n'es pas normal. Pas uniquement parce que tu es fou ; mais nous savons très bien que nous ne sommes pas entièrement humains »

Victorien acquiesça en silence. Il est vrai que les tueurs n'étaient pas fréquentables. Mais en réalité, le cercle des gens fréquentables ne s'y arrêtait pas : il englobait aussi bien les Néphilims, les Vampires et les Garde-mangers humains. Et dans cette liste, les tueurs Néphilims n'étaient pas forcément les moins fréquentables de tous. Victorien ne tuait que les sang-froids, point à la ligne. Pendant des années, il s'était montré un locataire exemplaire chez ses parents : sa chambre avait toujours été bien rangée, d'abord parce qu'il ne l'utilisait pas, puis parce qu'il avait pris l'habitude de la tenir rangée. Il respectait les locaux où il vivait, c'est pourquoi il avait pris l'habitude de tuer très proprement, n'hésitant pas à se promener avec une bouteille de K2R sur lui pour estomper les traces que pouvaient laisser le sang vampirique sur les vêtements de leur propriétaire mort. Victorien aurait beaucoup aimé le dire aux propriétaires, mais c'était peine perdue. Ces humains ne connaissaient rien de l'existence des vampires et voyaient donc le meurtre comme un crime abominable et non comme le moyen le plus efficace de se débarrasser du Mal (oui, Victorien n'avait pas peur d'utiliser ce mot. Le Mal). Ils l'auraient donc considéré comme plus fou qu'il ne l'était vraiment.

« Sans doute. Mais porter un costume et être bien peigné n'arrangerait rien. J'ai trop de cicatrices sur le visage, ils croient toujours que j'ai fait la guerre, mais ils ne savent jamais où. Peut-être aussi parce que je suis étranger. Ils ont sans doute peur des Luxembourgeois. »

Il se tut quelques secondes. Ne pas être normal. Mais pouvait-on l'être, lorsqu'on était un Néphilim ? Pouvait-on se permettre un tel sentimentalisme quand la survie du monde était en jeu ? Pouvait-on se le permettre lorsque son destin était déjà tracé devant soi ? Lorsque son ange était un incapable ? Lorsqu'il avait dû se tailler une place, alors qu'on aurait pu la lui offrir ? Ne pas être normal... C'était le prix à payer, après tout, pour tuer les vampires. Et Victorien pensait que sa quête méritait ce sacrifice.

« Peut-être ne sommes-nous pas normaux. Mais nous n'avons pas le droit de l'être. Si nous l'étions, nous tremblerions de peur devant nos actes. Nous ferions plus de mal que de bien. Nous laisserons les tu-sais-quoi faire ce qu'ils veulent. J'accepte cette anormalité, puisqu'elle est au service de la société... C'est elle que les humains remarquent. Je ne leur en veux pas... Ils ont le droit d'être normal puisque nous leur assurons la pérennité sans qu'ils aient quoique ce soit à faire. »

Tant pis pour eux, après tout, et pour Victorien. Il n'était pas obligé de bien s'entendre avec tout le monde. Il avait déjà les vampires en horreur, mais ça ne comptait pas. Il appréciait malgré tout les Néphilims, du moins tant qu'ils avaient la gentillesse de ne tuer personne devant lui. Les humains étaient différents, tous différents. Le choix était plus vaste.
Pendant qu'il parlait, les deux cousins entrèrent au rayon des biscuits, le rayon-même que Victorien venait de quitter. Il vit à l'autre bout le paquet bien coloré avec l'enfant humain en extase devant les céréales. Il ne put s'empêcher de sourire. Peut-être, s'il avait connu l'enfant, qu'il aurait choisi ce paquet ? Mais le paquet vert était tout aussi tentant. Le rêve et l'humanité. Il ne vit pas Zéphirin en pleine réflexion devant deux paquets de biscuits. Ému, Victorien se retourna alors vers lui. Son cousin venait de mettre les deux paquets dans son panier. Lui au moins ne se privait pas.

« Je peux te proposer d'habiter avec moi. Après tout, tu es mon cousin. Je... »

Victorien leva un sourcil. Il ne connaissait pas cette partie du caractère de son cousin. Il l'avait toujours vu bourreau, sans jamais pouvoir s'en détacher complètement. Pour lui, Zéphirin représentait le sang, et non cette sensibilité dont il était en train de faire preuve. Il le voyait gêné. Il comprenait. Victorien était touché par cette proposition. C'était très gentil de sa part, qui plus est, tellement généreux. Il se tut, laissant le temps à son cousin de rassembler le courage qu'il lui fallait pour continuer. Il lui adressa simplement un sourire encourageant.
Ce qui se passa alors étonna profondément Victorien, ébranlant quelques unes de ses certitudes. C'était désagréable, de voir ses certitudes s'effriter, mais pour la première fois, il ne le remarqua même pas. La découverte qu'il faisait était troublante, certes, mais si touchante. Zéphirin le prit dans ses bras. Pendant quelques instants, son cousin lui montra la face sensible de son être. Victorien essuya une larme. Ça alors. Il avait vraiment l'impression d'avoir une famille. Quelqu'un qui l'appréciait. Il avait perdu ses parents bébé. Ses parents adoptifs étaient gentils, mais ils étaient trop exigent. Tout au plus Camélia le prenait-elle parfois dans ses bras lorsqu'il était enfant. Sa petite amie l'avait trahie pour un vampire. Mais son cousin tenait à lui. Ça, c'était important.
Lorsque Zéphirin retrouva sa carapace et s'éloigna un peu, Victorien essuya une seconde larme. C'était très touchant, mais ce moment quelque peu mièvre était terminé. Il entendit le Néphilim annoncer d'un ton qui lui semblait bourru :

« Tu connais l'Enclave, non ?
- Non. »

Zéphirin entreprit rapidement de lui expliquer son rôle.

« Il y a un hôtel pour néphilims, là-bas. Les prix sont tout à fait abordables et n'importe quel néphilim résidant à la Nouvelle-Orléans peut y résider. Mon studio est suffisamment grand pour deux, et on ne sera pas de trop pour payer le loyer. »

Victorien sourit. Il était un peu embarrassé par cette proposition. Certes, il n'avait plus vraiment de lieu où dormir. Il pouvait tenir une nuit ou deux, mais au-delà, ça deviendrait critique. Il lui fallait un logement. Pour cacher sa gêne, il contempla un paquet de gâteaux posé à hauteur d'œil. Il ressemblait à son paquet de céréales, mais sans doute parce que la couleur verte était aussi celle des biscuits. Victorien ne réussit pas à déchiffrer l'inscription qui indiquait quelle était la nature du produit. Zéphirin lui conseilla de ne pas les prendre, et Victorien acquiesça. Au moins, son cousin reprenait confiance. Il le sentait plus serein. Commenter les paquets de gâteaux était plus simple que d'inviter son cousin à partager son loyer.

« Merci, Zéph', pour ta générosité. Je n'ai pas vraiment le choix : je dois accepter. Mais je t'assure que je paierai ma part du loyer, tout comme toi. Je n'ai pas beaucoup de revenus – c'est d'ailleurs pour ça que je me contente d'un seul paquet de céréales par semaine (il désigna le paquet dans son panier). Mais bon, nous réussirons, nous survivrons, et nous irons à la chasse, n'est-ce pas ? »

Il sourit à sa remarque. Il s'agissait de ses raisons de vivre : chasser le vampire, réussir, ''la victoire, quoi.'' . Apparemment, sa décision enchantait son cousin. Mais Zéphirin était prudent : cette solution ne leur conviendrait peut-être pas, quand bien même Victorien assurait n'avoir pas d'autre alternative.

« Chambre 412. Si tu veux, quand j'aurais fini les courses, je te montre où c'est. Si tu veux habiter dans une autre pièce, ou tenter ta chance dans les hôtels humains, libre à toi. Mais viens au moins voir.
- Avec plaisir ! » répondit Victorien avec douceur.

Il doutait qu'il puisse dormir ailleurs que dans la chambre 412. Il trouvait dommage de payer deux loyers lorsqu'on était de la même famille, il n'avait donc pas envie d'essayer une autre pièce. Le studio pouvait être petit, mais cela n'avait pas d'importance. Depuis qu'il était aux États-Unis, il avait appris à se contenter de ce qu'il avait. À New York, il vivait dans un studio à peine plus grand que son ancienne chambre ; les moquettes sentaient fort et devaient à coup sûr être envahies par les acariens, les tapisseries se décrochaient et la salle de bain n'était pas bien alimentée en eau. Mais qu'y pouvait-on, lorsqu'on n'avait plus d'argent ? Forcément, s'il était parti pour la Croatie, ça se serait passé différemment ; mais il était à la Nouvelle-Orléans. Victorien éloigna ses souvenirs de ses pensées. Il avait des occupations plus urgentes sur le moment.

« À propos des courses, je ne les ai pas terminées. Vois-tu, quand tu m'as bousculé, je me rendais aux surgelés. J'en ai besoin de quelques uns pour remplir mon congélateur... » Il se tut quelques secondes... S'il logeait vraiment dans la chambre 412, il n'aurai aucun problème avec les surgelés. Il lui faudrait simplement vider le congélateur qu'il disposait dans son ancien hôtel. « Peut-on nous y rendre ? »

Face à l'approbation de Zéphirin, ils retournèrent à l'allée centrale. Cette fois-ci, le vide autour d'eux était plus immense que d'habitude : deux Néphilims cousins et terrifiants marchant dans les allées du Tesco sont plus effrayants qu'un Néphilim terrifiant. Pour la première fois, Victorien remarqua que les gens les évitaient.

« Je crois que tu avais raison, pour tout à l'heure. Les gens sentent que nous ne sommes pas normaux. »

Il vit alors une petite fille en pleurs au milieu de l'allée. Les clients passaient autour d'elle sans la voir, comme si elle n'était rien pour eux. Il convient de dire que la petite avait des vêtements abîmés, presque des haillons, mais très propres, et que ses cheveux étaient si gras qu'ils brillaient sous les spots. Elle criait : « Maman ! Maman ! ». Victorien sut qu'elle aussi n'étant pas normale. Elle n'était pas une vampire, puisqu'elle ne sentait pas le sang. Elle n'avait pas l'air affamée non plus. Ce n'était pas un Néphilim : elle n'avait rien de l'aspect semi-angélique propre aux Néphilims, même à Victorien dont le visage était si amoché. Elle était clairement humaine, petite créature perdue dans un supermarché Tesco. Victorien fit alors la remarque suivante :

« C'est étrange, mais je crois que sa mère est la dame que nous avons vue aux chaussettes. Elle s'est dirigée vers les surgelés, si je ne me trompe pas. »

Il s'avança vers la fillette qui, déjà apeurée, ne se recula pas. Il s'agenouilla devant elle et d'un ton très doux, il lui demanda à quoi ressemblait sa maman. Elle la lui décrit, et il constata que son intuition était la bonne : sa mère était la dame aux chaussettes.

« En route jusqu'aux surgelés ! » dit-il.

Il prit la petite main de la fillette et, lui murmurant des paroles douces et encourageantes, la fit avancer dans l'allée en compagnie de Zéphirin.
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Zéphirin Tovaritch
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MessageSujet: Re: Tesco. Tesco. EmptyMar 31 Aoû - 16:26

Sa proposition a l'air d'enchanter Victorien ; et le plaisir visible qui se lit sur son visage couturé de cicatrices rend heureux le néphilim. Zéphirin n'est pas un monstre, il aime sa famille ; il aime par conséquent voir Victorieux accepter son offre.
« À propos des courses, intervint Victorien, je ne les ai pas terminées.
- Moi non plus, fait remarquer Zéphirin.
- Vois-tu, continue son cousin, quand tu m'as bousculé, je me rendais aux surgelés. J'en ai besoin de quelques uns pour remplir mon congélateur... Peut-on nous y rendre ? »
Zéphirin, le visage inexpressif mais le cœur en fête, accepte et se laisse mener dans ce rayon qu'il connaît si bien. Ah, les surgelés au Tesco ! vous devriez voir ça. Par un curieux hasard, dans ce magasin-là, ils se situent coincés entre le rayon jardinage et le rayon enfants, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas des plus pratiques. Ils doivent donc se frayer un chemin dans l'allée centrale qui, comme vous vous en doutez, est bondé de clients qui veulent absolument profiter des incroyables promotions et des prix bas imbattables.
« Je crois que tu avais raison, pour tout à l'heure, murmure son cousin.
- Quoi ?
- Les gens sentent que nous ne sommes pas normaux. »
Zéphirin regarde autour de lui... pour constater que personne ne s'approche d'eux. C'est si dommage, Zéphirin aime trop les humains pour leur faire du mal ; mais cela, les clients ne s'en rendent pas compte. Sans doute voient-ils en eux deux jeunes voyous des quartiers défavorisés, l'un avec un T-shirt plus que révélateur, l'autre avec son air dur et ses yeux enfoncés dans ses orbites sombres. Aucun n'imaginerait qu'ils sont des demi-anges, qu'ils viennent d'un pays européen minuscule et qu'ils s'adonnent à la chasse aux vampires. Peut-être certains sentent-ils vraiment qu'ils ne sont pas normaux ; mais la plupart croient sans doute avoir à faire à de jeunes délinquants. Et, vu qu'ils manient des armes, Victorien ses précieux crans d'arrêts, Zéphirin un peu tout ce qui lui tombe sous la main et qui peut faire mal, ils ne peuvent pas vraiment les détromper. Surtout qu'à l'extérieur, ils se comportent comme des monstres.
Heureusement que parfois, on peut prendre une pause et se permettre d'être soi-même...
« C'est étrange, lance soudain Victorien, mais je crois que sa mère est la dame que nous avons vue aux chaussettes. »
De qui parle-t-il ? Zéphirin repère bien vite la petite silhouette. Elle a ce petit côté misérable, fragile, qui lui faisait mal au cœur. Pauvre petite humaine perdue au milieu des adultes. Zéphirin comprend son cousin : ils sont les seuls à la repérer, à se rendre vraiment compte de sa présence. Lui aime les humains, aussi est-il sensible à sa douleur.
« Et où est-elle ? demande le néphilim.
- Elle s'est dirigée vers les surgelés, si je ne me trompe pas. »
Il jette un drôle de regard à son cousin. A vrai dire, il ne l'aurait pas cru de s'en rappeler. Sachant qu'il était fou, il pense qu'il n'a pas une mémoire pour ce genre de détails. C'est mal le connaître, et il le regrette. Il faudra qu'il apprenne à mieux le connaître. Pourquoi ne lui avait-il pas prêté plus attention lorsqu'il était enfant, alors qu'il voyait bien que lui aussi souffrait, s'enfermait en lui ? Il aurait dû lui tendre la main, pauvre idiot ! au lieu de rester concentré sur sa tâche. Mais peut-être n'est-il pas trop tard...
Victorien s'approche d'elle, lui parlant avec une douceur qu'il ne lui connait pas, et la fillette lui décrit une dame qui ressemble bien à la cliente s'étant précipitée sur les chaussettes. Victorien pense la même chose.
« En route jusqu'aux surgelés ! » : déclare-t-il en prenant la main de la fillette.
Zéphirin le suit, le visage attendri - une expression si bizarre sur sa face. Tout le monde a peur d'eux, sauf elle, mais personne ne pense à leur ordonner de la lâcher, de ne pas l'aider. Les humains sont vraiment des êtres bizarres. Cela lui aurait vraiment plu d'en être un, de pouvoir sauver des petites filles perdues tous les jours.
Ils arrivent dans le rayon, et Zéphirin repère la mère. Oui, c'est bien elle, la dame aux chaussettes. Il la montre à Victorien, et ils avancent vers elle. La dame les regarde bizarrement, deux filous aux allures mystérieuses qui lui ramènent sa fille rassurée. Forcément, elle ne sait plus quoi penser. Zéphirin décide de rompre la glace, avec toute sa franchise acérée.
« Laissez, ce n'était rien, assure-t-il. C'était pour nous un plaisir.
- Vous êtes sûrs que vous ne voulez rien ? » : rétorque-t-elle, soupçonneuse.
Zéphirin regarde son cousin un instant, juste le temps de voir s'il pensait la même chose. Tous pareils. Mais, qu'il le sache, aucun d'eux n'étaient cupides, et ils peuvent faire preuve de sensibilité, même si cette émotion n'a pas sa place dans leur métier, dans le monde de la nuit. C'est toujours bon d'en faire preuve en plein jour, dans un univers humain réconfortant. Aussi Zéphirin secoue-t-il la tête.
« Non, merci madame, répond-il. Évitez juste de la perdre de nouveau, s'il vous plaît. »
Puis il incline doucement la tête, d'un de ces gestes surannés qu'on ne fait plus pour prendre congé de quelqu'un, et s'en va avec son cousin.
Victorien commence à se servir. Zéphirin se penche pour choisir mais ne prend rien.
« J'irais les prendre à la fin. » : explique-t-il.
Il a une folle envie de se trouver une paëlla, mais apparemment, les stocks sont vides et toutes les boîtes ont été achetées. Tant pis, il se rabattra sur de la choucroute. Il n'a jamais essayé en surgelé ; mais sa nourrice française, qui était alsacienne, savait en préparer comme personne d'autre. Il se doute bien que cela ne lui rappellera pas les saveurs de son enfance, mais s'il peut au moins s'en approcher... Et puis des glaces, l'été approche ; il ne sait pas comment se déroule cette saison à la Louisiane, mais ici, il est plus proche de l'Equateur que dans les pays qu'il a fréquenté. Il y a donc des chances pour que ce soit plutôt chaud ; néanmoins, il se peut très bien qu'il y ait une sorte de micro-climat qui rendrait le temps plus agréable. Cela reste à voir, en attendant, pour lui, été rime avec glaces, alors il se décide pour quelques gammes de sorbets originales qu'on ne trouve pas dans les autres magasins. Oui, aller au Tesco a du bon.
« Et, dis, comment ça se passe avec les vamps ? s'enquiert-il dans leur langue. Parce que moi... »
Il se rapproche de son cousin, préférant de nouveau parler à voix basse au cas où une oreille indiscrète aurait le malheur de comprendre le luxembourgeois.
« Depuis que je suis là, je suis obligé d'être prudent, et on ne peut pas dire que j'ai fait beaucoup de victimes. »
Il hausse les épaules.
« Ce qui n'est pas plus mal. Avec les lois de l'Enclave, ils n'attaquent plus autant les humains. Ça n'empêche pas les meurtres, bien sûr, ni les faibles de se constituer banque de sang, mais... » Sa voix n'est plus qu'un murmure que seul le néphilim peut comprendre. « C'est un progrès. »

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