L'hôtel Marigny était le genre de bâtiment intemporel. Ceux qui étaient déjà là avant que vous naissiez et qui seraient encore là à la fin de votre mortelle vie. Les seuls qui avaient sans doute dû voir sa naissance et qui verraient sa destruction l'habitaient. Tout bon vampire qui se respecte y avait déjà mis les pieds au moins une fois pour une visite de courtoisie mais espérait très fort ne jamais devoir s'y rendre pour être juger. Car c'était ici que le Conclave avait ses quartiers. Le Conclave était la loi pour les vampires, la seule et l'unique. Elle prévalait sur les petites et misérables lois humaines sur le respect ou sur les places de stationnement interdite. Les membres du Conclave était la base des vampires, les tout premiers, l'essence même de cette race. C'est pour cela que même s'ils étaient haïs parfois, on leur devait le respect et une simple injonction d'eux pouvait vous conduire tout droit à la mort. Par trop de fois des vampires fous l'avaient défiés et ils n'étaient aujourd'hui plus là pour en parler. Et c'est ce qui retenait Jaëlle d'enfoncer la porte de ce monument. Elle était devant, sur le trottoir d'en face, cherchant à calmer ses nerfs à vifs. La colère était l'un des seuls sentiments qu'elle n'arrivait pas encore à contrôler. Car quand on était un vampire, surtout un nouveau né, les sentiments devenaient tellement dur à gérer. La moindre irritation prenait des proportions démentielles. Elle se rappelait encore le jour où elle avait tué un automobiliste qui lui avait fait un doigt d'honneur sur la route. Elle l'avait saigné jusqu'à ce qu'il ne reste plus une once de ce précieux liquide dans son corps. Elle s'en était tellement voulu après. C'est pourquoi, elle devait à présent user de tout son self contrôle pour ne pas décapiter sur place le passant qui marchait près d'elle. Mais il n'avait rien fait, il était innocent. Elle ne pouvait pas commettre ce crime s'en après en ressentir les conséquences. Elle ne voulait pas devenir un monstre. Alors elle essayait de canaliser la lave qui coulait dans ses veines. Les gens qui passaient à côté d'elle devait se demander pourquoi une si jolie femme se tenait regarder avec tant de haine cet édifice et était aussi statique que de ces sculptures qu'on voyait au musée.

Elle se décida enfin à traverser la route sans prendre attention au véhicule qui dû freiner brutalement pour ne pas la renverser. D'un pas assurer elle franchit les quelques mètres qui la séparait de la porte. Elle tapa 3 fois comme il était d'usage et un humain vint lui ouvrir. Cet endroit malgré sa signification grouillait d'humains au courant de leur situation qui servaient d'esclave consentant aux vampires. Ceux là ne rêvaient que d'une chose, devenir comme leur maître, des créatures de la nuit. Jaëlle ne comprendrait jamais ces humains. Elle ferait tout pour ne plus être un vampire. Le majordome lui demanda la raison de sa venue. Elle lui répondit en utilisant son charme qu'elle avait rendez-vous avec l'un des membres du Conclave. Il la laissa donc passer. Au détour d'un couloir, elle croisa des vampires qu'elle connaissait rapidement. Elle les salua le plus naturellement possible pour ne pas montrer sa colère et sa peur. Si elle avait été humaine, les battements de son cœur l'aurait tout de suite trahit. Elle avança d'un rapide -mais pas trop- vers sa destination. Elle n'avait qu'à suivre l'odeur de sa cible. Une fois arrivait devant la porte, elle n'osait plus entrer. Malgré la fureur qui l'habitait elle avait peur. Il n'était pas n'importe qui, il pourrait la tuer d'un claquement de doigts. Elle était sur son territoire après tout. Mais quand elle repensa à la découverte qu'elle avait faite quelques jours auparavant elle ne tint plus et ouvrit cette foutu porte qui alla claquer contre le mur.

L'homme qu'elle était venue voir se tenait debout près de la fenêtre. Il emplissait l'immense bureau de sa haute stature. Il dégageait ce genre d'aura qui vous donnez juste envie de l'écouter et de vous taire, qui vous clouez sur place. Mais Jaëlle était maintenant dans un état second, ses crocs avaient poussé sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle traversa la pièce en une demi seconde et agrippa le col de l'homme violemment. « COMMENT AS-TU PU FAIRE ÇA ? TE CROIS TU TOUT PERMIS ? NE JOUE PAS CE JEU AVEC MOI SVEN ! » Elle ne pouvait empêcher sa voix de crier et sa colère de jaillir tel un flot. Elle qui s'était promis de ne plus jamais laisser Sven la troubler comme ça, avoir une prise sur ses émotions. Mais c'était plus fort qu'elle. Surtout après ce qu'elle avait découvert.
Il y a quelques jours, la jeune femme c'était rendue compte qu'un homme la suivait. Enfin un homme, un vampire ancestral pour être plus précise. C'est pour cela qu'elle ne s'était pas jetée sur lui pour en découdre. Elle l'avait laissé la suivre pendant des jours en espérant qu'il se lasserait. La question qu'elle ne cessait de se poser était qui l'avait envoyé ? Et un jour elle avait craqué et était allé le voir pour lui demander entre quatre yeux ce qu'il voulait. Il lui avait simplement répondu qu'il était là pour assurer sa protection. Comme si elle en avait besoin. Et quand elle lui avait demandé qui avait décidé ça il lui avait répondu que c'était Sven. Dire qu'elle avait été étonnée était un euphémisme. Pour aurait-il fait ça ? Bon il y avait eu cette « chose » entre eux. Cette attirance. Mais elle était partie pour y échapper. Mais elle s'était aussi échappée pour fuir l'emprise de son créateur. Car c'était bien lui l'immonde bâtard qui l'avait transformé, qui avait ruiné sa vie. Et même maintenant il continuait. Elle vit un sourire s'étaler sur les lèvres de son vis à vis. Il savait qu'elle ne pouvait pas le blesser. Car il était son créateur et qu'un vampire devait toujours obéir à son créateur. Le lien entre les deux étaient très fort. Le vampire ne pouvait en aucun cas désobéir à un ordre direct de son créateur et il pouvait sentir son appel. Où qu'il soit, le créateur pouvait appeler sa progéniture. Et c'était ce qui horripilait le plus Jaëlle. Elle lui était soumise, il pouvait la contrôler comme bon lui semblait à cause de ce fichu lien. « Si tu crois que je vais te laisser faire de ma vie un enfer, tu te trompes. » Non jamais elle ne lui appartiendrait, elle s'en était fait la promesse.